Selon le guitariste de Queen, 2023 sera la dernière année où l'homme dominera la musique

A priori, il existe un monde entre le groupe de Freddie Mercury et les questions de propriété intellectuelle liées au mariage entre intelligence artificielle et musique contemporaine. Mais ça, c'était sans compter sur la lucidité de Brian May, diplômé d'un doctorat en astrophysique.
  • Quoi de neuf pour les fans de Queen ? Grâce à une faille spatio-temporelle, le groupe formé voilà 53 ans a cette semaine donné par deux fois des nouvelles, sur des registres très différents. L'actualité la plus anecdotique ? La vente aux enchères des effets personnels de Freddie Mercury, qui semble avoir battu tous les records du déraisonnable : une porte de jardin avec un graffiti dessiné dessus a notamment été adjugée à 466 000 €. Quant à son célèbre piano, il est parti chez un collectionneur fortuné pour la modique somme d'un million et quelques deux cent mille euros. Clairement, on tient là un champion. 

    Si les sommes ont de quoi questionner sur le rapport des fans aux reliques, la véritable information de la semaine concernant Queen était à lire dans cette interview de Brian May chez Guitar Player.

    Questionné, comme beaucoup de musiciens actuellement, sur l'impact de l'intelligence artificielle dans la composition, Sir Brian May (il a été anobli en début d'année) n'y va pas avec le dos de la cuillère, et rebondit radicalement sur les conséquences de l'affaire du "Fake Drake" qui a mis en alerte toute l'industrie en début d'année en réussissant à imiter le rappeur canadien à la perfection, au point de récolter des millions de streams en seulement quelques jours. Brian May, qui en a tout de même vu d'autres, émet une hypothèse qui fait froid dans le dos :

    « Nous ne saurons pas distinguer ce qui a été créé par l’IA et ce qui a été créé par les humains. Tout va rapidement devenir très flou et très confus, et je pense que nous pourrions considérer 2023 comme la dernière année où les humains auront vraiment dominé la musique. Je pense vraiment que cela pourrait être très grave, et cela ne me remplit pas de joie".

    Le guitar hero connu pour ses parties dantesques sur Bohemian Rhapsody ou We will rock you a-t-il rejoint la longue liste des rockeurs boomers qui, comme Eric Clapton, semblent déconnectés du monde réel ? Pas forcément. Ce qui se joue ici, selon lui, c'est l'effacement des lignes claires entre réalité et copie, au point que le grand public pourrait rapidement se faire matrixer par l'IA qui dépasserait les musiciens humains. "Le potentiel de l’IA à provoquer le mal est évidemment incroyablement énorme - pas seulement dans la musique, car personne ne meurt dans la musique rajoute-t-il, mais des gens peuvent mourir si l’IA s’implique dans la politique et la domination mondiale de diverses nations".

    Alors, angoisse disproportionnée ou véritable signal d'alerte pour toute la profession ? Ici et là, de plus en plus d'artistes s'émeuvent de la manipulation des partitions par des entités informatiques. Cet été, c'est Angèle qui a fait les frais de ces imitations : le 7 aout, elle et son public découvraient une version de Saiyan de Heuss l’enfoiré feat Gazo où la Belge semblait chanter plus vrai que nature.... sauf que ce n'était pas elle, mais une IA. Réaction de la principale intéressée : "Cest une dinguerie [...] mais j'ai peur pour mon métier". Visiblement, elle n'est pas la seule à se sentir under pressure.

     

    A lire aussi