Scott Walker, Philippe Zdar, Keith Flint : tous les artistes importants morts en 2019

La fin d’une année est aussi le moment de rendre hommage à celles et ceux qui sont partis. Et même si cette décennie avait déjà emporté d’immenses artistes, allant d’Amy Winehouse à Bowie en passant par Chuck Berry, 2019 n’a fatalement pas épargné les grands artistes.

Scott Walker - 76 ans

Injustement méconnu du grand public, Scott Walker a pourtant influencé plusieurs générations de mélomanes (David Bowie, Nick Cave, Alex Turner) avec ses ballades orchestrales à vous fracasser le cœur. L’Américain, qui a introduit le répertoire de Jacques Brel en Angleterre à la fin des sixties, avait sorti une suite de quatre albums intitulés « Scott I », « Scott II », « Scott III » et « Scott IV » qui ont marqué par la suite de nombreux artistes. Ironiquement, l’un de ses morceaux les plus connus s’appelait My Death.

Keith Flint - 49 ans

Le chanteur du groupe Prodigy venait de rentrer d’une tournée en Australie quand, chez lui, dans sa maison du Comté d'Essex au sud-est de l’Angleterre, il a mis fin à ses jours, à l’âge de 49 ans. Avec Prodigy, Keith, d’abord danseur puis chanteur, a été comme Libération l’a écrit la « tête dansante » du groupe. Un frontman avec une allure de raté, des concerts punks et des morceaux (Firestarter, Smack My Bitch Up, Voodoo People) qui resteront à jamais gravés dans de nombreuses têtes. 

Philippe Zdar - 50 ans

C’est lors d’une chute d’un immeuble parisien que Philippe Zdar, moitié de Cassius et producteur de génie (MC Solaar, Sébastien Tellier, Phoenix, Kanye West ou encore Franz Ferdinand) est décédé. Ancien ingénieur son et DJ, la patte de Zdar à la production, aérienne et précise, lui permet de bosser avec les plus grands comme avec des nouveaux artistes en devenir (Sons of Raphael en 2019 avant sa mort). Des années fastes de la French touch dans les années 1990 à Cat Power ou les Beastie Boys, le Français a su charmer plus d’un artiste sur cette Terre. Il n’a pas pu réussir ce tour de magie qu’avec sa belle gueule.

Mark Hollis - 64 ans

Peu de groupes, dans l’histoire du rock anglais, peuvent se targuer d’avoir autant marqué les années 1980. Mais ça a bien évidemment été le cas de Mark Hollis, le chanteur des Talk Talk, qui en cinq albums, est passé du succès mainstream au rock plus expérimental sans jamais compromettre sa vision artistique. Après un disque solo en 1998, il avait pris sa retraite, restant auprès de sa famille et de ses enfants. 

Daniel Johnston - 58 ans

Des chansons bricolées et désaccordées. Une manière de chanter et de se produire sur scène poignante. Et une sincérité à en mourir. L’Américain fan des Beatles, qui souffrait de maladies mentales (schizophrénie et maniaco-dépressif), est devenu une icône dans le rock alternatif, adulé par Kurt Cobain et de nombreux autres musiciens (l’album « The Late Great Daniel Johnston : Discovered Covered » lui rend hommage). Il est mort d’une crise cardiaque à 58 ans.

Ric Ocasek - 75 ans

Musicien américain qui traîne dans les clubs craignos de Boston, fonde ensuite The Cars et se barre en Angleterre en pleine période punk (1977) pour y enregistrer le premier album de son groupe... Ric Ocasek a été une figure très importante dans la musique. À la croisée entre plusieurs styles (Roxy Music, Talking Heads, Lou Reed), l’artiste est ensuite devenu producteur (Guided By Voices, Weezer, Jonathan Richman) tout en continuant de sortir des disques en solo. L’un de ses plus grands fans : Julian Casablancas. Tiens, tiens. 

Marie Laforêt - 80 ans

L'actrice et chanteuse a sorti son premier 45 tours en 1963 Les Vendanges de l’amour. Le succès est immédiat, et les tubes s’enchaînent : Ivan, Boris et moiIl a neigé sur Yesterday (chanson-hommage aux Beatles), Viens sur la montagneMarie douceur ou encore Que calor la vida. Celle qui disait ne pas avoir de voix, mais un timbre, remplit l'Olympia et tourne dans le monde. Elle expérimente dans les années 1970 et se met à la World music (avec réussite) puis se retire de la musique. 

Roky Erickson - 71 ans

Sans lui, le psychédélisme n’aurait pas la même saveur. Roky Erickson, l’auteur du cultissime Your’re Gonna Miss Me avec les 13th Floor Elevators, est une légende cramée du rock comme la musique pouvait en produire. Schizophrène notoire, il est devenu dans les années 1990 une sorte d’épave (regardez le documentaire You're Gonna Miss Me sorti en 2005) qui s’était retrouvé pauvre, isolé et sans traitement adéquat pour sa maladie. Mais il avait ensuite trouvé la force de revenir sur scène et de renouer avec sa passion. 

Laurent Sinclair - 58 ans

Le fondateur de Taxi Girl avait notamment composé l’unique tube du groupe en 1980 : Cherchez le garçon. Moins emblématique que Daniel Darc, son talent, il l’avait mis en pratique sur les morceaux Triste Cocktail ou encore Mannequin (un hommage direct à The Model de Kraftwerk sorti l'année précédente). Et puis il y a eu Cherchez le garçon, qui a fait entrer Taxi Girl dans une autre galaxie. Mais à la suite d’un premier disque qui ne rencontre pas son public, Laurent est remercié. Il tentera une carrière solo avec « Devant le miroir », sorti en 1986. Il disparaît peu à peu de la circulation mais restera en mémoire comme celui qui a composé le plus grand tube du groupe. Un morceau qui a marqué le début de la fin pour Taxi Girl.

David Berman - 52 ans

Difficile d’écrire sur David Berman, qui a décidé que 2019 allait être son année : celle de son come-back (en solo) avec Purple Mountains, premier disque depuis qu’il avait enterré les Silvers Jews en 2009. Et celle de sa mort, qui intervient seulement un mois après la sortie du disque. Une tournée en Europe (avec un passage à Paris) était prévue pour 2020. 

João Gilberto - 88 ans

« Il fut le premier chanteur, du moins au Brésil, à montrer qu’on n’avait pas besoin d’une voix puissante, il chuchotait, en s’accompagnant avec virtuosité à la guitare. » Les mots de Bernardo Araujo, critique musical du journal O Globo, sont non seulement élogieux, mais ils sont surtout très vrais. Connu pour une chanson qu’il n’a pas écrite, The Girl from Ipanema, João Gilberto reste néanmoins une légende de la bossa nova. Et même si cette chanson emblématique n’est pas de lui, ce hit indépassable a poussé Frank Sinatra à l'intégrer dans son répertoire à la fin des années 1960 et a incité plus de 300 artistes à le reprendre officiellement.