Daniel Johnston, pape de l'underground américain, est mort

Le chanteur pas tout seul dans sa tête s’est éteint hier à l’âge de 58 ans, « de façon inattendue ».

Hi, how are you? Ce matin, les fans du gros chanteur joufflu n’ont pas la forme : leur idole Daniel Johnston est mort alors que personne, à priori, ne s’y attendait. Certes, l’auteur de Hi how are you (1983) n’était pas en bonne condition physique, certes il avait fait une tournée d’adieu en 2017, bien conscient que son avenir était surtout derrière, mais malgré tout cela, l’un des artistes les plus instables du milieu musical n’avait à près tout que 58 ans.

Né en 1961 en Californie, Johnston est issu d’une famille de fondamentalistes chrétiens. Impossible de savoir si cela a joué dans sa passion pour Captain America, King Kong et les Beatles, mais rapidement il choisit une voie moins religieuse, faite de piano à 59 dollars et d’antidépresseurs. Révélé au grand public grâce à un documentaire de MTV, il devient rapidement la coqueluche de jeunes groupes sans concessions comme Sonic Youth ou Nirvana (Kurt portait souvent un T-shirt à l’effigie de Johnston). Face à cette notoriété surprenante comparée à ses chansons bricolées, Daniel sombre lentement mais sûrement dans la folie, se fait interner plusieurs fois au début des années 1990, jusqu’à cette anecdote incroyable : obsédé par le diable, il ira jusqu’à se prendre pour Captain America lors d’un vol avec son père, qu’il confondra avec Satan. Les deux sortiront du crash indemnes ; la légende Johnston est en route et Atlantic le signe en 1994 pour l’album « Fun ».

Entre 1994 et 2019, plusieurs albums aux succès divers et variés. Son dernier essai en studio remontait à 2012 pour « Space Ducks » (cette pochette…) et il laisse derrière lui plusieurs fans célèbres, comme Lana Del Rey, Beck ou encore Tom Waits. Là-haut, il a certainement rejoint Kurt. Les deux avaient en point commun de ne pas avoir su résister à la vie normale. Dans une interview accordée à Rolling Stone en 1994, celui qui avait bossé chez McDo quelques années plus tôt déclarait : “J'ai oublié de grandir, je suppose.” Ce ne sera pas le cas de sa légende.