2020 M03 20
Incarner le personnage principal de la première série consacrée au rap français, c’est une sacrée pression. Tu as hésité avant d’accepter ?
Pas du tout. C’était une opportunité de dingue de pouvoir avoir ce rôle pour une première expérience derrière une caméra. D’autant que tout s’est fait graduellement : j’ai d’abord rencontré Sams [rappeur, mais également acteur et coordinateur artistique sur la série, ndr], qui m’a parlé du projet avant de me présenter à Franck Gastambide, le réalisateur de Validé. Puis on m’a donné des textes à réviser, une scène à jouer et j’ai passé une audition, puis une deuxième, puis une troisième un mois et demi plus tard. L'attente a été longue, t’y penses tous les jours, mais ça valait le coup.
Comment s’est passé le tournage ?
Tout s’est fait sur 70 jours. Il fallait donc tout boucler en deux mois et demi : c’était intense, fatigant, mais tout s’est fait dans une bonne ambiance. Je ne connaissais personne, mais j’ai vite sympathisé avec Saïdou et Brahim, mes potes dans la série. Assez naturellement, on s’est mis à trainer ensemble.
Il y a d’autres séries qui t’ont marqué ?
Sons Of Anarchy, c’est la référence ultime. Il y a tout dedans : des cliffhangers, de l’amour, de la drogue, de la violence. C’est ultra complet. Sinon, il y a aussi les classiques comme Game Of Thrones ou The Wire. J’aime beaucoup les histoires de ces séries, mais ça ne m’inspire pas pour autant. Pour mes textes, je préfère me concentrer sur ma vie, raconter des choses personnelles.
Grâce à la série, tu as pu rencontrer plusieurs de tes idoles, comme Kool Shen ou Soprano, présents dans certains épisodes ?
Soprano, pour tout dire, je l’avais déjà rencontré une fois. D’ailleurs, on ne s’est même pas croisé sur la série, dans le sens où ses scènes ont été filmées à Marseille... Mais c’est vrai que j’ai rencontré beaucoup de monde, il y a eu énormément de passage au moment du tournage. Et puis ça fait quelque chose de se retrouver au bout d’une semaine de tournage à partager une scène avec Kool Shen et lui rapper un de ses morceaux : J’ai jamais eu besoin, l’un de mes préférés. Ce n’est pas parmi ses titres les plus connus, mais les amoureux du rap en reconnaissent la qualité.
C’est ce que tu es, un « amoureux du rap » ?
Je suis bousillé au rap depuis que je suis petit : je pense rap, je vis rap, je me réveille avec du rap. J’écoute d’autres musiques également, mais j’ai grandi en écoutant des mecs comme Soprano, Diam's, Busta Rhymes, Mac Tyer, Salif et Booba. Avec le recul, je suis plutôt fier d’avoir ces artistes comme influences.
Parmi tous ces artistes, il y a un parcours qui te fait plus rêver qu’un autre ?
Pour moi, les carrières de Soprano et Diam's sont impeccables. Je parle souvent avec elle et elle est hyper heureuse aujourd’hui : elle a eu un énorme succès et elle mène sa vie selon ses propres choix désormais. J’aime beaucoup l’idée, c’est un parcours intéressant.
Cercle vicieux est un des morceaux très intimes de ta dernière mixtape, mais il me fait penser au parcours de ton personnage dans Validé, ne serait-ce que par le titre...
C’est vrai qu’Apash est totalement enfermé dans un cercle vicieux. Mais moi, je sais que ça ne m’arrivera pas : je suis plus conscient et moins naïf que mon personnage. J’ai davantage conscience du bien et du mal autour de moi, là où Apash fait parfois les mauvais choix. Comme lorsqu’il retourne chercher de l’aide chez Mounir…
Il y a des moments où tu racontes des douleurs très personnelles dans « Chaise pliante II ». Le rap est quelque chose qui te permet d’aller mieux ou il y a autre chose ?
Ce qui me permet d’être bien, c’est surtout de faire mes cinq prières par jour. Le rap, ce n’est qu’un aspect, même si ça fait du bien de s’exprimer librement, de toucher le public français et de se rendre compte qu'il est réceptif à mes textes. Je vois bien que mes morceaux les plus streamés sont ceux où je ne parle pas de meufs ou d’argent.
Ça veut dire que tu fais attention aux retours que l’on peut te faire sur les réseaux ?
Je n’ai pas de community manager, je gère ma page Instagram moi-même, donc je sais tout de suite quand on aime ou pas un de mes morceaux. J’ai tous les retours en direct. Mais ça ne guide pas tous mes choix. Il y a des moments où j’éteins mon téléphone, notamment quand je suis en studio, et je travaille comme je le sens. Si j’écoutais le public, ou même mon équipe qui m’avait déconseillé un tel morceau, je n’aurais pas fait La meilleure, en duo avec Jok'Air. C’est un morceau romantique et on me disait que ça déstabiliserait les gens, que ce n’était pas moi. Sauf que c’est un des sons les plus streamés du projet. Comme quoi…
Il y a d’autres morceaux où tu parles d’amour sur « Chaise Pliante II »…
Ah mais parce que je suis un grand sentimental, un amoureux de l’amour. J’ai toujours aimé ça, même si l’amour que je raconte n’est pas souvent joyeux… Encore une fois, il y a La meilleure, où tout se passe bien, mais il faut croire que les gens préfèrent quand même Adieu, mon amour. Et je les comprends : moi-même, je préfère la musique mélancolique. Mais ce n’est pas une raison pour m’enfermer dans ce registre.
L’année 2019 a été assez intense pour toi, avec la publication de ta première mixtape, le tournage de Validé et l’enregistrement de ta deuxième mixtape. Tu n’as pas peur que le rythme se tasse ?
Quand je vois là d’où je viens, je me dis que ça ne pourra jamais être pire. Même s’il y a moins d’attente un jour, ça voudra juste dire que je dois me remettre au travail et tout faire pour rebondir. Pour l’instant, je sais que je tiens le rythme, dans le sens où j’ai enchainé les projets et que j’entends plein de gens me dire que j’ai grimpé d’un niveau avec cette nouvelle mixtape. Mais on sait très bien que le vent tourne vite, donc il faut continuer de bosser. Et c’est précisément ce qui va se passer une fois le confinement terminé.
Validé, actuellement disponible sur CANAL+ et en replay sur myCANAL.