Mettez du respect sur le nom de ces dix rappeurs francophones

Si Niska, Damso, Dinos et Booba risquent d’agiter la fin d’année, d’autres MC, en souterrain ou non, ont toutes les chances de secouer le rap jeu. Jack fait les présentations.

Leonis

Trois singles à peine, mais une confirmation : le rappeur du 77, 24 ans, est un artiste qui avance avec ambition, un pied ancré dans la réalité (Intérimaire, où il revient sur ses années passées à enchainer les petits boulots), l’autre dans le quartier (Au fond du tiekson). Autant dire que Leonis, contrairement à certains de ses contemporains obsédés par les billets verts, fait peu de mystère quant à la vie qu’il mène.

Leys

Révélée dans l'épisode 9 de Rentre dans le cercle en 2017, puis portée aux nues par Kery James en interview l'année dernière, Leys, originaire de Reims, enchaine les morceaux et les freestyles ces dernières semaines. Au point d’imaginer l’arrivée prochaine d’un long-format ? Avec une telle versatilité de flow, ce serait bête de ne pas jouer le coup à fond.

Denzo

À 18 ans, Denzo connaît ses classiques : Rohff, Kery James et Booba. Résultat : le Parisien abandonne rapidement ses rêves de footballeur, accumule les freestyles, balance des mixtapes plombées par le désespoir des banlieues françaises et enchaine les bangers avec la facilité et la technicité d’un premier de la classe. Sauf que lui a justement arrêté l’école pour raconter ce qu’il se passe dans le four, parler d’ « Atrocité » et faire du rap son job à plein temps. 

Fadah

À 29 ans, ce rappeur originaire de l’Essonne dit ne pas « suivre les tendances » et kicker « du fond du cœur ». Un simple argument marketing mis au point par des chefs de projets opportunistes ? Pas à l’écoute de son nouvel album, « Furieux », sur lequel Fadah aborde des thèmes osés (la question du genre, la reproduction sociale, etc.) et déclare crânement son indépendance : « Je ne suis pas le produit de leurs firmes / J’rentre pas dans les cases, donc on m’étiquette hors format / Rien qu’y pensant, le mot « limites » m’enferme / Donc je tiens la barre d’une main ferme, en m’affirmant, fièrement. »

DI#SE

Désiré Eba Tolo est ce que l’on pourrait appeler un MC précoce. Pas seulement parce qu’il dégaine des rimes tranchantes plus rapidement que son ombre. Mais surtout parce que, à seulement 17 ans, le rappeur de Quimper développe d’ores et déjà un rap cohérent, parfois hybride (on pense par instant à Stromae) et doté d’une belle technicité. Son premier album, à paraître le 4 octobre, s’appelle « Parfum » et ses effluves n'ont rien à voir avec celles, bas de gamme, proposées en échantillon à Sephora.

D.A.V

Parce qu'il a enregistré un titre avec Damso (ParoVie) et parce qu’il s’adonne lui aussi à des lyrics bre-som, le Bruxellois est régulièrement comparé à l’auteur de « Lithopédion ». C’est bien évidemment réducteur, mais disons que comme pour une présentation, ça a le mérite de susciter illico la curiosité.

Kitsuné Kendra

Avec un nom pareil, pas étonnant d'apprendre que cette rappeuse, originaire de Roubaix, a d'abord travaillé dans la mode avant de devenir DJ et de se lancer dans le rap en 2017. Avec un sens de la punchline crue qui plaît (à Jok’Air, avec qui elle a enregistré Jeune papa) et percute : « Ouais, c'est dar / Quand j'leur donne le sheitan / Même les rusés finissent frustrés vont dépuceler des chattes qui sentent le cheddar. »

Zamdane

En mars 2018, on évoquait déjà ce rappeur marseillais dans le cadre d'un papier consacré à la scène rap du sud de la France. Depuis, Zamdane a publié deux EP, dont « Z », un dix-titres sortis en juin dernier. Le genre de projet qui impose direct un mot d’ordre : faites de Zamdane une star, il le mérite.

Beeby

Juste avant l'été, Beeby a sorti « Genesis », un mini-album porté par un single aussi mémorable que Le Triple. Il y a donc peu de chances pour que le rappeur publie un nouveau projet d'ici la fin de l'année. Mais il y a suffisamment d'idées, de beats vaporeux, de rimes percutantes et d'ambiances mystérieuses ici pour faire de ce dix-titres un compagnon de route pour les mois à venir. Et un projet référent pour juger ceux qui tenteront opportunément de le copier.

Hatik

Hatik, pour le dire très simplement, c'est un flow nerveux, une voix rugueuse et un sens de la punchline qui kicke : « J’ai fait plus de khaliss hier que t’en feras dans toute l’année / Pendant qu’tu patrouilles pense bien à ta femme qui s’fait soulever par des cailles-ra toute la nuit. » C’est aussi un mec qui touche-à-tout : on l’a découvert ultra percutant en freestyle, on apprécie aujourd’hui sa maitrise du studio avec la mixtape « Chaise pliante », tout juste sortie, et on pourra l’apercevoir d’ici peu dans Validé, la série sur le rap français signée CANAL+.