Qui est vraiment Hoshi, la musicienne qui met les boomers en PLS ?

Mercredi dernier, Hoshi, autrice-compositrice-interprète de 24 ans, s’est retrouvée prise pour cible par le journaliste Fabien Lecoeuvre. S’en suivra une tempête médiatique et une avalanche de soutiens. Et ce n’est sans doute pas un hasard si Lecoeuvre a pensé à elle durant son dérapage total. Car contrairement à lui, Hoshi est bien une femme de son époque.
  • Les temps changent. Pour s’en rendre compte, il suffit de voir ceux qui n’arrivent pas à se mettre à jour. Dans le milieu musical, le journaliste Fabien Lecoeuvre en a donné un superbe exemple mercredi 7 avril, au mirco de la webradio Arts-Mada. Regrettant le manque de sex-appeal de la nouvelle génération de chanteurs et chanteuses français, il part ensuite complètement en vrille : « Vous mettez un poster de Hoshi dans votre chambre, vous ? Mais elle est effrayante ! […] Elle a un très grand talent, mais qu’elle donne ses chansons à des filles sublimes, comme des Vanessa Paradis, comme il y a eu des Vartan. »

    Après ces propos plus que limites, la réaction ne se fait pas attendre. D’abord, Hoshi elle-même, puis un déluge de soutiens : M Pokora, Coeur de Pirate, Audrey Pulvar, Hugo Clément, Flore Benguigui de L’Impératrice, Yseult, Camelia Jordana, Pomme, Louane, Angèle, Clara Luciani… Quant à Lecoeuvre, après une succession d’excuses totalement ratées sur Twitter puis RTL, il se retrouve temporairement exclu de l’émission d’Europe 1 où il assurait une chronique.

    Un triste épisode, donc, qui a néanmoins attiré beaucoup d’attention sur la chanteuse de 24 ans. Même si on imagine qu’elle s’en serait bien passée. De son vrai nom Mathilde Gener, elle a démarré la musique dans son lycée de Saint-Quentin-en-Yvelines, assurant guitares et choeurs dans un groupe de metal. En parallèle, passionnée de Brel depuis ses six ans, elle écrit des chansons dans sa chambre. Malgré une perte de 28 % d’audition durant son enfance, elle décide de quitter le lycée pour tenter une carrière musicale. Elle passe le casting de The Voice, avant de renoncer, la production lui imposant une chanson. Vient ensuite l’émission Rising Star, sur M6. « J'ai su ce que je ne voulais pas faire après avoir participé à l'émission » racontera-t-elle plus tard.

    Bien décidée à percer, elle passe ensuite deux années à chanter dans la rue les chansons qu’elle écrit dans sa chambre. Et finalement, en 2017, elle obtient son premier contrat au sein du label Jo&Co (ou l’on trouve Zaz ou bien Claudio Capéo). Un premier EP sort, puis son premier album l’année suivante, « Il Suffit d’y Croire » (une phrase également tatouée sur son bras).

    Hoshi obtient alors son premier succès, avec le titre Ta Marinière, chanson d’amour tout en jeux de mots maritimes. Deux ans plus tard, l’album est certifié double platine (200 000 ventes), alors qu’elle est également nommée aux Victoires de la Musique dans la catégorie « Révélation Scène ». Son album sort en mars de cette même année, porté par le single Amour Censure. En une poignée d’années, elle est devenue une chanteuse très en vue, collaborant avec Gaëtan Roussel ou Benjamin Biolay.

    Hoshi est une artiste de son temps. Passionnée de mangas (enfant, elle dévore Dragon Ball, Death Note ou Pokemon, dont elle collectionne encore les cartes à jouer), elle découvre ensuite le reste de la culture japonaise. Elle en tire son pseudo (qui signifie « étoile »), ses habits, son chignon, et même la race de son chien. Musicalement, ses inspirations puisent dans tout l’héritage de la chanson, principalement Gainsbourg, Étienne Daho ou Catherine Ringer. Mais elle prend également la suite d’artistes comme Orelsan, ou Stromae. Ses chansons trouvent leur équilibre entre mélodies accrocheuses et familières et des textes simples, mais avec toujours une idée directrice, le tout porté par sa voix affirmée, légèrement écorchée, à la Patti Smith. L’objectif : s’adresser à tous (son public très familial fait sa fierté).

    Mais surtout, elle trouve sa place au sein d’une nouvelle génération d’autrices-compositrices-interprètes, avec Pomme, Suzane ou Yseult. Si leurs styles musicaux divergent, toutes revendiquent leur conscience politique, notamment féministe ou pro-LGBT. Lesbienne revendiquée, Hoshi avait choqué en embrassant l'une de ses danseuses aux Victoires de la Musique. Au même moment sortait Amour Censure, directement dirigée contre la Manif pour Tous. Comme ses collègues, elle cherche à créer autour d’elle un espace et une communauté « safe ».

    Et c’est bien là que Fabien Lecoeuvre est complètement à côté de la plaque, en plus d’être insultant. Les chanteuses comme Hoshi incarnent bel et bien une sexualité. Mais dans une version moderne, cherchant l’inclusivité, le partage et l’affirmation de soi, tant individuelle que collective. Les choses évoluent, cette fois dans le bon sens.