2018 M05 23
Les musclés. Avec un nom pareil, tout laissait à penser que Matt McBriar et Andy Ferguson feraient dans l’électro bodybuildée, celle qui transpire la testostérone et gonfle chacun de ses beats. Faux, archi faux. Bicep, c’est avant tout l’association de deux Irlandais originaires de Belfast, rencontrés à huit ans dans un club de rugby, et maintenant basés à Londres où ils font parler leur complémentarité. Le premier est blond, le second est brun. L’un est extraverti, l’autre est réservé. Ensemble, ils forment l’un des duos les plus intrigants de la scène électronique actuelle.
Clubbers. Biberonnés aux déflagrations de Prodigy, d'Underground Resistance, du punk ou de Metallica, les deux Irlandais, comme tout papillon de nuit, voient leur vie chambouler à force de fréquenter le Shine, célèbre club techno de Belfast.
« J’avais seize ans, je jouais dans des groupes et tout le monde me disait d’aller dans ce club, rembobine Matt dans un entretien à Tsugi. En réalité, c’était assez effrayant parce que le public était beaucoup plus âgé et avec des comportements, euh, disons… assez extrêmes. Mais je me rappelle avoir entendu Crispy Bacon sur ce soundsystem qui te secouait les tripes et c’était dément ! »
Blogueurs. En 2008, Matt et Andy créent donc leur blog, Feel My Bicep. C’est l’âge d’or de Myspace et des forums, et les deux compères, alors séparés par les études, publient sans relâche des titres d’italo-disco, de soul, de house et de synth-pop. Forcément, une idée germe : et si, eux aussi, se mettaient à la composition ? Le déclic se passe en 2010 avec le maxi EP1, publié à l’époque par Throne Of Blood, le label de The Rapture. C’est chouette, mais ça manque encore de consistance, de surprise et d’ambition.
À bonne école. Il faut attendre 2017 et la sortie de leur premier album éponyme pour que tous ces éléments soient réunis. Désormais signé chez Ninja Tune, en feu ces dernières années avec les sorties de Bonobo, Actress, Romare ou Machinedrum, Bicep déroule alors douze titres qui ne cessent d’élargir le spectre des musiques électroniques. Ça passe de la house au downtempo, des emprunts à la jungle (Glue) à des plages plus contemplatives (Ayaya), et c’est magnifique. Si bien qu’une voix féminine en conclusion de Vespa se permet même d’interroger l’auditeur : « Quelle sorte de musique est-on en train d’écouter ? » Bien malin celui qui pourra y répondre.
Garorock, ça se passe du 28 juin au 1er juillet à Marmande, et toutes les infos sont à retrouver sur le site officiel du festival.