Le festival Garorock expliqué par son programmateur

  • La ville de Marmande, c’est 18 000 habitants à l’année, Garorock, 30 000 festivaliers à la journée. On a donc demandé à Ludovic Larbodie, le programmateur historique du festival, comment on s’y prend pour réunir 120 000 personnes le temps d’un week-end. Interview éclair.

    Quel est ton avis sur la programmation de 2018 ?

    Cette année on a encore laissé parler notre cœur. On s’est vraiment fait plaisir en programmant des artistes que personnellement j’adore comme Damso, The Blaze, Confidence Man ou encore Équipe De Foot. Après pour être tout à fait honnête, mon réel coup de cœur c’est Therapie Taxi.

    Comment on s’y prend pour choisir les artistes qui vont jouer pendant le festival ?

    On essaie de se caler sur la moyenne d’âge de notre public, en l’occurrence pour Garorock c’est 23 ans. Du coup on regarde quels sont les sons qu’ils écoutent le plus. Forcément on jette aussi un œil aux sorties de disques et aux tournées des artistes. En fait on essaie de déterminer quelle est la tendance du moment et ça passe surtout par un travail de terrain : on programme les artistes que l’on écoute, que l’on a vu en live ou que l’on aime. C’est aussi simple que ça.

    Qui est particulièrement attendu cette année ?

    A première vue je dirais Orelsan, forcément ! Je pense que Macklemore est pas mal attendu aussi. En fait c’est compliqué de répondre à cette question parce que j’ai l’impression qu’il y a énormément d’artistes qui suscitent un engouement particulier, peut-être même plus que les années précédentes. Notre force c’est d’avoir réussi à mixer à la fois de la pop, du rock et du hip-hop. On en a vraiment pour tous les goûts sur scène : Damso, Indochine, Marilyn Manson, Charlotte Gainsbourg, Nekfeu…

    Garorock est-il toujours un festival rock ?

    Quand on a commencé il y a une vingtaine d’années oui, c’était un festival rock. Comme tous ceux de l’époque d’ailleurs. Après forcément Garorock a évolué avec son temps et a commencé à absorber les tendances du moment. Puisqu’on ne peut pas vraiment dire que le rock soit spécialement mis à l’avant ces dernières années, même sur la scène internationale, c’est le hip-hop qui a fini par prendre le dessus. En même temps c’est logique, ça coûte quand même moins cher à programmer.

    En 22 ans vous en avez vu passer des artistes. Quel est votre meilleur souvenir ?

    L’un des meilleurs concerts de ces dernières années c’était celui de Ratatat mais j’ai beaucoup aimé la performance d’Alt-J aussi. Je ne m’y attendais pas, j’ai vraiment pris mon pied. Je les avais vus en concert au Canada et à Londres mais il n’y avait pas cette puissance et cette alchimie qu’il y a eu à Garorock. Là il y avait une réelle communion entre les 30 000 spectateurs, c’était un moment incroyable, suspendu dans le temps. J’adorais déjà les disques mais j’ai pris une énorme claque.

    La limite entre le personnel et le professionnel a l’air très fine.

    Je fais ce métier par passion, au fond je suis encore un gamin. Je suis chez moi, dans ma région et c’est aussi pour ça qu’on a créé le festival : parce qu’on en avait marre de faire des heures de bus pour voir de gros concerts ailleurs. La première année on a peut-être réuni 3 500 personnes, aujourd’hui on est à 120 000 festivaliers par édition. C’est sûr on ne s’embellit pas avec l’âge mais le festival gagne en maturité, on fait plus attention aux spectateurs. On a appris avec le temps.

    La soirée d’ouverture de Garorock est le 28 juin avec Angèle, Damso, Django Django et Indochine. Toutes les informations par ici.

    Crédit photo : Teddy Morellec

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