2018 M04 11
Le grand retour. « L'évolution de la carrière de Janet, l'influence qu'elle a eu et ce qu'elle a pu engendrer chez d'autres artistes, c'est vraiment punk dans mon esprit. » Cette envolée, on la doit à Jennifer Yacoubian de Goldenvoice, l'une des sociétés de promotion les plus puissantes de Los Angeles, organisant aussi bien FYF que Coachella. Soit le Saint-Graal de la hype américaine, le parfait symbole de l'entertainment US. Étonnant ? Plutôt, oui, quand on a tendu une oreille aux derniers albums de Janet Jackson (« Unbreakable », « Discipline », etc.), témoins d’une sérieuse crise d’inspiration.
Back to the 90's. En revanche, pour ceux qui ont fait de « Control » (1986), « Janet » (1993) et « The Velvet Rope » (1997), co-produits par deux ex-musiciens de Prince (Jimmy Jam et Terry Lewis), leurs compagnons de route (ou de siestes crapuleuses) idéaux, rien de plus évident.
Aux novices, rappelons en effet que ces trois albums bénéficient tous d'une production pointue, bourrée d'idées neuves, de tubes aussi efficaces que terriblement subtils et de sujets très sérieux. À l 'image de Together Again, qui aborde le SIDA, de Freexone, sorte de réflexion autour de l'homophobie au sein des sociétés occidentales, ou de What About (l'un des morceaux préférés de son frère, Michael) où elle traite frontalement de l'adultère : « Et toutes les fois où tu m'as menti, que tu m'as dit que tu ne la baisais pas, qu'elle te taillait juste des pipes ! »
Queen J. Du début des années 1980 à la fin des années 1990, Janet Jackson a donc incarné une certaine idée du R'n'B, radicale et intime, ambitieuse et sexy, osant donner vie à des intentions surprenantes (une reprise de Tonight's The Night de Rod Stewart, un sample de Joni Mitchell sur Got Til It's Gone aux côtés du rappeur Q-Tip) et influençant une grande partie de la scène américaine des dix, quinze dernières années : Alicia Keys, Ala.ni, Janelle Monàe (qui a d'ailleurs revendiqué cette influence sur Twitter, Rihanna (regardez le clip de Rhythm Nation) ou même Beyoncé dans cette façon de revendiquer sa féminité, sa sexualité et ses origines afro.
Non, décidément, on aurait tort d’oublier tout ce que le R'n'B, voire la pop music, doit à Janet Jackson.