Pink Floyd et Roger Waters : les raisons de la brouille

Après le succès de "The Wall", écrit en grande majorité par Roger Waters, ce dernier a voulu prendre le contrôle créatif du groupe, puis a finalement pris la décision de partir après l’album "The Final Cut", sorti en 1983. Alors que le live de Waters, "Us + Them" est disponible sur Olympia TV, plongeons dans l'une des plus grandes disputes de l'histoire du rock.

La phrase est devenue célèbre. Au moment de mettre fin à l’aventure Pink Floyd en 1985 (enfin, avant que Gilmour, Wright et Mason ne continuent sans Waters) le bassiste anglais a déclaré que le groupe « n’était plus la force créative qu’elle avait pu être ». Mais les tensions entre les Floyd ont débuté bien avant le milieu des années 1980 : elles ont débuté quand le groupe est passé au rang de rockstars mondiales avec « The Dark Side of The Moon ». 

En 1973, un disque change la face du rock. Ses créateurs deviennent des stars. Et les emmerdes commencent. Car si le succès est au rendez-vous, il est accompagné d’un tas de questions auxquelles vous et moi ne pensons pas : comment gérer la célébrité, les egos, la pression et la suite, c’est-à-dire un nouvel album attendu comme le Messie. Chez Pink Floyd, c’est Roger qui va prendre les commandes. Pour « Wish You Were Here », il décide des chansons, des thématiques et du découpage de Shine On You Crazy Diamond contre l’avis de Gilmour. Il ajoute une petite cerise sur le gâteau en supprimant deux morceaux que David voulait garder : Raving and Drooling et Gotta Be Crazy. La bonne ambiance n’est pas au rendez-vous, mais les quatre musiciens maintiennent une entente cordiale. 

Vu qu’il n’a pas le droit de faire ce qu’il veut au sein de Pink Floyd, Gilmour sort un disque solo en 1978 (tout comme Richard Wright) afin de s’accorder une parenthèse. Le moment de réaliser « The Wall », inspiré par un crachat de Waters à son public en 1977. L’année suivante, le bassiste fait écouter une démo de 90 minutes au groupe et propose deux thèmes. Le premier, qui parle de la célébrité et d’isolation, est retenu par Pink Floyd (le deuxième donnera un album solo de Waters quelques années plus tard). Roger le mégalomane prend alors le contrôle total : les textes sont les siens, sont assez personnels (son père, ses infidélités, etc.) et font référence à son parcours et à Syd Barrett. Au final, les idées de Gilmour sont pour la plupart rejetées et le musicien ne sera que cocrédité sur trois titres : Run Like Hell, Young Lust et Comfortably Numb. Pire : sur Mother, Roger invite le batteur de Toto, Jeff Porcaro, pour remplacer Mason. 

À partir de là, plus rien ne sera jamais pareil. Rick Wright quitte le groupe, mais revient pour quelques tournées, et l’enregistrement de « The Final Cut » se fait dans des conditions particulières : Waters et Gilmour travaillent séparément et ne se retrouvent que très rarement en studio ensemble. Ils n’ont pas les mêmes avis politiques et sont en désaccord constant. Certains disent qu’il s’agit plus d’un album perso de Waters tandis que d’autres considèrent que Gilmour y joue ses meilleurs solos. Quoi qu’il en soit, la fin est inévitable.

Encore aujourd’hui, les membres se tirent la bourre dès qu’ils en ont l’occasion. En 2020, Waters accuse Gilmour de ne pas lui donner accès au site de Pink Floyd pour qu’il puisse mentionner ses actualités, en l’occurrence une vidéo de Mother tournée durant le confinement. De l’eau est passée sous les ponts, mais pour Pink Floyd, le temps n’a pas aidé à renouer les liens. 

Pour les fans de Rogers, l’incroyable live « Us + Them » est disponible sur Olympia TV via myCANAL. On vous en parlait ici.