On y était : Phoenix à l’Olympia

En tournée pour leur septième album, « Alpha Zulu », les Versaillais se produisaient les 28 et 29 novembre boulevard des Capucines. Un doublé olympien qui nous a rappelé pourquoi la formation versaillaise est, encore et toujours, considérée comme « le groupe préféré des français ». On y était et on vous raconte ça en images.
  • Juin 2022. La reprise des festivals bat son plein, le public est au rendez-vous et les artistes célèbrent le retour des grandes communions estivales avec une énergie de post-fin du monde. Phoenix en fait partie, ils sont programmés au branché We Love Green. Sauf qu’ils ne joueront jamais. Des trombes d’eau auront raison de la deuxième journée du festival parisien.

    Une date qu’ils attendaient pourtant avec impatience, car pensée pour marquer les retrouvailles avec le public français après de longues années d’absence. Abattus, les Versaillais s’étaient d’ailleurs confiés à notre micro pour nous raconter toutes ces fois où ils avaient joué dans des conditions pourtant bien moins clémentes.

    Si ce petit flashback estival a le mérite de nous rappeler que nous ne sommes rien face aux éléments, il est surtout là pour vous laisser imaginer l’excitation qui régnait dans la salle de l’Olympia ces 28 et 29 novembre.

    21h, donc. Un soir de novembre. Les rideaux de la prestigieuse salle du boulevard des Capucines s’ouvrent pour laisser place à Thomas Mars, Laurent Brancowitz, Christian Mazzalai et Deck D’arcy. Le genre de bande de potes qu’on n’a pas vu depuis longtemps, mais qui, dès les retrouvailles, nous rappelle à quel point sa présence fait du bien. Slim noirs, blazers, comme restés bloqués dans une époque où porter la mèche et s’habiller en The Kooples étaient encore un atout pour séduire, ils attaquent avec un Lisztomania survolté.

    Enchainement avec Entertainment, Lasso, Too Young et Girlfriend. Un déluge sonique qui laisse le public groggy, proche de l’extase. Deux décennies nous séparent de leur premier album, United, et quoiqu’on en dise, le cocktail d’efficacité électronique, de spontanéité rock et de passion pour les mélodies pop entraînantes, marque de fabrique d’un groupe qu’on a trop souvent tendance à réduire à son succès à l’international, fait toujours son effet.

    Thomas Mars fait virevolter son micro au fil rouge sang et ne se lasse pas d’arpenter la scène de long en large, Christian Mazzalai tournoie guitare en mains, grand sourire aux lèvres. La formation est d’ailleurs agréablement complétée par Rob aux claviers et le batteur suédois Thomas Hedlund.

    Vient l’heure de défendre le nouvel album, enregistré au Musée des Arts Décoratifs du Louvre avec l’aide de Thomas Bangalter. Alpha Zulu marque l’entrée de jeu, avec son refrain ouvertement pop et léger. Le public suit, enthousiaste. Thomas Mars en profite pour l’interpeller « Qui avait sa place pour We Love Green ? ». Forêt de mains levées dans l’assemblée. On remarquera d’ailleurs la présence d’un très grand nombre d’enfants. De quoi s’assurer une transmission auprès d’une nouvelle génération ? Pas certain, la moyenne d’âge avoisinait ici plutôt le milieu de la trentaine, voire de la quarantaine, nous rappelant que le phénomène Phoenix reste tout de même restreint à cette génération qui a vécu les derniers soubresauts du rock, en France du moins.

    Suivent Ti Amo, issu de leur 6ème album de « disco italienne estivale », l’entêtant After Midnigt et Tonight, sans la présence d’Ezra Koenig de Vampire Weekend, avant d’entamer un joli interlude instrumental sur Love Like a Sunset I et II… Un set efficace qui joue la carte de la prudence, oscillant entre titre nostalgique et nouvelles moutures.

    Sur Long Distance Call et Identical, la formation en profite pour rendre un hommage à leur producteur de génie, feu Philippe Zdar. « En fait, tout le concert est pour Philippe » clame alors Thomas Mars devant un « In memorium » écrit en lettres rouges.

    Malgré une scénographie aux visuels parfois à la limite du kitsch, entre affichage de tableaux néo-classiques et intérieurs royal, l’émotion atteint la salle. Impossible d’ignorer le rôle du génie de Zdar dans le succès de Phoenix. Passé un rappel à faire trembler le boulevard des Capucines, les Versaillais reviennent en sous-effectif avec une balade en guitare-voix sur My Elixir, devant le rideau de l’Olympia et les flashs de téléphones. Moment suspendu qui nous laisse reprendre nos esprits après avoir fait cracher nos cordes vocales sur If I Ever Feel Better.

    On enchaine avec un curieux interlude baroque, accompagné par Deck au clavecin, sur Telefono et Fior Di Latte, avant d’entamer Trying to be cool, durant lequel Thomas Mars s’amuse à espionner le public équipé de grandes jumelles. Mais ce sont les premières notes de l'immense 1901 qui finiront par embraser la foule. Thomas Mars en profite pour disparaître... Stupéfaction dans la salle, avant de l'apercevoir sur le balcon, accompagné d'un fil micro interminable et suspendu comme un cable électrique au-dessus des têtes hébétées. Connu pour ses bains de foule acrobatiques, le chanteur de Phoenix ne s'est pas fait prier. Il enjamble la rembarde, se suspend du bout de ses mains avant de se laisser choir dans une forêt de bras tendus. Une prestation olympiesque, dira-t-on. 

    Le jukebox versaillais s’éteint sur une ovation au moins aussi longue que la queue qui nous attendra aux vestiaires. On y patientera d’ailleurs avec grand plaisir, échangeant avec de parfaits inconnus ces sourires que savent généralement tirer une heure trente de pur plaisir auditif. Phoenix a fait trembler l'Olympia à deux reprises, et on s'en souviendra, c'est certain.

    Crédit photos : Jérémy Authier pour Jack.

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