2023 M04 4
NTM
Question : peut-on approcher tout doucement la soixantaine et continuer de mettre la fièvre en live, quitte à faire passer un grand nombre de jeunes rappeurs pour des mous du genou une fois sur scène ? Réponse : oui. Mais cela n'est pas tellement surprenant quand on connait la puissance, la complémentarité et l'énergie de Kool Shen et JoeyStarr.
Ärsenik
Ok, le premier concert donné en Hongrie. Ok, les deux albums vendus à plus de 300 000 exemplaires. Ok, cette alliance avec le Secteur Ä. Ok, les classiques de la trempe de Boxe avec les mots, Regarde le monde ou Une affaire de famille. Mais une vraie question parcourt toute la discographie des frangins Calbo et Lino. Cruciale, celle-ci trouve sa source dans l'un des premiers morceaux d'Ärsenik : « Qui peut prétendre faire du rap sans prendre position ? ». Vingt-cinq ans plus tard, MC's, producteurs et managers tentent encore d'y répondre.
X-Men
Sur Wikipédia, X-Men est le nom d'une équipe de super-héros créée par Stan Lee et pilotée par le Professeur X. Pour n'importe quel fan de rimes techniques et de textes plus référencés que l’annuaire, les X-Men, ce sont surtout Ill et Cassidy, deux rappeurs qui auraient mérité la gloire mais qui n'ont finalement pas réussi à confirmer tous les espoirs placés en eux sur « Jeunes, coupables et libres » (1999) : un premier album culte, influent, mais pas vraiment au niveau des attentes.
Lunatic
En un album commun, Booba et Ali ont gagné le respect éternel des amateurs de rap français, forcément touchés par une telle démonstration de technicité, de punchlines cultes et de complicité entre deux rappeurs que finalement tout opposait. Réécouter « Mauvais œil » (2000), c’est ainsi comprendre que ce disque aurait très bien pu être du « rap conscient » si les réflexions d’Ali n’étaient pas contrebalancées par les saillies d’un B2O qui ignorait alors son avenir en tant qu’influenceur Instagram. On ne juge pas, on dit simplement que certaines évolutions sont étonnantes.
Tandem
Il n’y a pas de petit héroïsme ! Le premier album de Tandem, « C’est toujours pour ceux qui savent » (2005), en est la preuve. Parce que Mac Tyer et Mac Kregor s’y autorisent alors une autre façon de rapper via des textes parfois dénués de rimes. Parce qu'ils osent comme personne avant eux s’aventurer dans un triptyque cinématographique (l'incroyable trilogie Un jour comme un autre - Frères ennemis - Le jugement et son casting 5 étoiles). Et parce qu'ils donnent vie ici au signe successeur de Seine Saint-Denis Style de NTM, en plus virulent et plus street : 93 Hardcore. Un classique ? Plus que ça : un hymne, la fierté d’un département.
Nysay
Si Salif et Exs étaient nés aux États-Unis, ils auraient sans doute déjà eu droit à leur biopic. Tous les mots-clés sont là : une amitié qui remonte à l'enfance, un flow qui influence leurs aînés (réécoutez les morceaux de Kool Shen après la découverte de Salif, vous verrez !), des mixtapes qui leur garantissent un statut d'idoles dans les quartiers, un manque de reconnaissance médiatique et même de gros baggys. Malheureusement, les deux bonhommes sont nés à Boulogne-Billancourt et ont arrêté le rap à l'aube des années 2010, avant l’arrivée de son nouvel âge d'or et des plateformes de streaming : pas de quoi faire fantasmer Jacques Audiard.
La Caution
C'est l'histoire de deux frères (Hi-Tekk et Nikkfurrie), d'un morceau présent dans l'unique scène culte d'Ocean's 12 (Thé à la menthe), d'un rap qui préfère regarder ce qui se crée au sein de la scène alternative (MF Doom, Company Flow, Cannibal OX) plutôt que de singer une énième fois les cadors des charts américains. La Caution, c'est aussi l'histoire de deux disques : « Asphalte Hurlante », inspiré par les romans de Philip K. Dick, et « Peines de maure/Arc en ciel pour daltoniens », un double-album qui n'a finalement que peu de choses à envier au « Speakerboxxx/The Love Below » d'OutKast. En gros, La Caution, c’est l’histoire de deux champions, à qui la couronne du rap aurait dû être décernée depuis bien longtemps.
Casseurs Flowters
À en croire les nombreuses mentions faites à Scarface ou Pablo Escobar, la plupart des rappeurs rêveraient d'une vie hors-norme, faite de luxure, de drogues et de pouvoir. Ils sont moins nombreux à se dire « inachevés » et à trouver leur pseudonyme dans Maman, j'ai raté l'avion. Orelsan et Gringe l’ont fait, et, rien que pour ça, les deux compères méritent honneur et considération.
PNL
Est-ce les old timers du rap pensaient un jour voir leur musique être adaptée par deux frangins aux longs cheveux gominés, prêts à raconter la déprime de la bicrave dans des clips où la vie en banlieue masque mal une atmosphère homo-érotique ? Pas forcément, mais ça ne veut absolument pas dire que l'arrivée de PNL a signifié la mort du rap. Bien au contraire.
Caballero & JeanJass
Les poumons d’or du rap. C’est ainsi que Caba et JeanJass se présentent, mais ce n’est pas sans doute pas comme ça que l’on aimerait se souvenir d’eux. Après tout, les deux compères ont sans doute publié la meilleure trilogie de la scène francophone (c’est la seule en même temps !), assumé leur soif de divertissement (la série High & Fines Herbes) et composé de très beaux hymnes à l’amitié, celle qui ressemble finalement plus à une histoire d’amour qu'à une simple camaraderie (Bonnes fréquentations, La lettre pt.2, etc). Autant dire que lorsqu’on aime les passe-passe, le second degré et les références au foot, il n’y a pas meilleure musique que celle de Caba & JJ.