Qui était Calvin Simon, membre fondateur de Parliament décédé à 79 ans ?

Depuis le 6 janvier, le monde du funk est en deuil : Calvin Simon, l’un des co-créateurs du célèbre collectif américain Parliament-Funkadelic, s’est éteint à l'âge de 79 ans. L’une des voix les plus reconnaissables du groupe laisse derrière lui sa signature sur les classiques «  Mothership Connection  » ou encore «  Maggot Brain  ».
  • Lorsqu’il a appris la nouvelle de la mort de Calvin, survenue le 6 janvier 2022, le légendaire bassiste américain Bootsy Collins a directement partagé sa tristesse sur Instagram : « nous avons perdu un autre membre original de Parliament-Funkadelic. Un ami, un complice de jeu et un gars cool ». Tel un symbole, le boss du crew, George Clinton a rapidement confirmé cette information à travers une autre prise de parole virtuelle : « repose en paix Mr Calvin Simon, mon frère P-Funk. Chanteur de longue date du Parliament-Funkadelic » C’est donc via la personne avec qui tout a commencé que tout se termine.

    Calvin Simon est né le 22 mai 1942 en Virginie-Occidentale. Là-bas, il découvre sa voie en chantant au sein de la chorale de l’église locale. À l’âge de 13 ans, il quitte sa ville de Beckley pour filer au New Jersey, où il trouve un emploi de barbier. Il intègre un salon dans lequel officie déjà un certain George Clinton, et un autre gars, Grady Thomas.

    Dans leur tête, ainsi qu’avec leurs clients fidèles Ray Davis et Fuzzy Haskins, germe l’idée un peu folle de créer un groupe de musique. Des tifs aux riffs, il n’y a qu’un pas : la première mouture de The Parliaments voit le jour. Ensemble, ces barbiers inspirés prennent la route au milieu des années 60, direction Détroit. En se rapprochant du berceau de la Motown, ils comptent bien bousculer leur destin. Pari réussi, puisque dès 1967 et la sortie du morceau (I Wanna) Testify, le succès leur tend les bras. 

    Avec ce coup d’éclat arrivent également les premiers soucis. Suite à une sombre histoire de droits causée par les labels Revilot et Atlantic Records, la bande doit changer de nom : The Parliaments devient alors Parliament. Sous cet alias, paraîtront notamment les albums « Mothership Connection » et « Funkentelechy vs. the Placebo Syndrome », respectivement sortis en 1975 et 1977. À côté d’eux sévit un autre groupe plus underground ; il s’appelle Funkadelic et a été fondé en 1964. Calvin Simon y fait un tour et pose sa voix sur des disques devenus cultes : « Maggot Brain » en 1971 et « Cosmic Slop » paru deux ans plus tard.

    Le temps d’une parenthèse pendant les années 60, George Clinton aura réussi à réunir les deux formations sous le nom Parliament-Funkadelic. Au sein de ce collectif tentaculaire, Calvin Simon et toute une clique de musiciens inventent le P-Funk, un genre mêlant acid-rock et psychédélisme, toujours au service du funk. Une habile manœuvre, qui selon ce que racontait le principal intéressé au Tampa Bay Times en 2017, aura « ouvert la voie à Prince, Dr. Dre et Snoop Dogg ».

    Mais en 1977, le chanteur décide de quitter le groupe après une brouille d’ordre financière. En souvenir du passé, il sort tout de même un nouveau disque sous le nom de Funkadelic, emmenant dans son sillage quelques dissidents. Ce « Connections and Disconnections » paru en 1981 se fait sans George Clinton. Calvin Simon, comme 15 autres participants à l’aventure Parliament-Funkadelic, sont intronisés au Rock and Roll Hall of Fame dès 1997. Définitivement affranchi, Calvin continue sa carrière en retrouvant son amour de toujours, le gospel. Seul, avec son propre label Simon Sayz, il sort en 2004 « Share the News ». Puis meurt finalement, début 2022.

    Afin de boucler la boucle, George Clinton vient de lancer un dernier appel sur ses réseaux. Pour honorer le souvenir de son ami, il invite « tout le monde à envoyer des histoires, des photos et des commentaires en MP du Facebook de Calvin Simon ». Une manière de lui offrir un adieu digne de ce nom.