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Le 30 septembre 2012, en pleine promo de son autobiographie, Diam's accorde une interview à l'émission Sept à huit, sur TF1. Pour l'occasion, la rappeuse réserve deux surprises, injustement incomprises par le grand public : d'un côté, elle apparaît voilée pour la première fois ; de l'autre, elle annonce mettre un terme à sa carrière artistique.
Pour comprendre une telle décision, il faut prendre en compte tout ce que la rappeuse a traversé au cours de la décennie 2000. La sienne : celle des albums certifiés disque de diamant, des tubes générationnels (La boulette, DJ), un soutien à Ségolène Royal, des tournées interminables... Pourtant, en coulisses, rien n'allait vraiment. Bien avant que l'industrie musicale ne commence à mettre des mots sur le burn-out des artistes, Diam's accumulait les moments d'angoisse sans jamais en parler devant les caméras - medium où ne sont traditionnellement admis que des sourires de façade.
Concrètement, il y a eu ce relooking, ces tentatives de la féminiser, ce rôle de porte-parole qu'elle a accepté de jouer de temps à autres mais qui semblait la peser. Il y a eu aussi le poids des médias, ce qui explique son retrait du monde du spectacle en 2009. Enfin, il y a eu sa vie de famille, à laquelle elle souhaitera par la suite se consacrer pleinement suite à la naissance de sa fille en 2012. Si bien que Diam's finit par anticiper ce qu'elle pense être inévitable. Dès 2009, elle le sait, elle le sent, et le répète à l'envie avant même la sortie du disque : « SOS » sera son dernier album.
À ceux qui pensent qu'il ne s'agit là que d'un coup de com' censé booster les ventes de ce quatrième long-format (estimées à 300 000 exemplaires), Diams sait répondre avec un morceau, placé en ultime position au sein du tracklisting : Et si c'était le dernier. Une longue complainte de 10 minutes où elle dit tout : la lassitude, les regrets, les séjours en hôpital psychiatrique, le rap et ses relations peu souvent durables, les hématomes d’une vie passée sous le feu des projecteurs, les envies de suicide, etc. Avec un sens de la formule touchant, et une franchise qui l'incite à conclure ainsi : « Et si la mort venait me dire : “Il ne te reste que vingt minutes"/Bah j'aurais souhaité la paix, et j'aurais rappé dix minutes ».
Dix ans après, Salam reprend donc là où cet egotrip torturé s'est arrêté. « Salam montre les difficultés d’exister dans le regard des autres, du public, et aborde la problématique de la santé mentale chez une grande artiste française et le choix délicat de changer de vie », indique le communiqué. Un choix qui continue étrangement de questionner, quand bien même celui-ci résulte simplement d'une envie de simplicité et d'un retour à la normale.