Les origines étymologiques du terme "hip-hop"

Quand il fait son apparition à la fin des années 1970, ce mouvement a besoin d’un nom. Très vite, “hip-hop” (puis l’inévitable “rap”) s'impose dans les esprits new-yorkais. Et le style musical le plus populaire de la planète aujourd’hui n’a pas trouvé son nom par hasard.
  • En ce qui concerne les origines du mot hip-hop, il y a deux hypothèses plausibles. La première nous vient directement du Bronx et de son groupe légendaire Grandmaster Flash and the Furious Five, pionnier irréfutable du style en question. La seconde semble moins évidente et pourtant plus rationnelle. Décryptage en bonne et due forme. 

    Au sein du groupe de Grandmaster Flash, on retrouve un certain Keith Cowboy. Ce dernier n’a pas attendu d'être en studio pour balancer des vannes à ses potes. C’est en 1978 qu’il devient le premier homme sur terre à parler de hip-hop, selon Grandmaster Flash en personne. Cowboy est alors en train de se moquer d’un ami à lui qui vient de rejoindre l’armée américaine. Le MC se met à imiter les pas cadencés des soldats tout en faisant “hip-hop-hip-hop-hip-hop.” Il adoptera plus tard ce rythme dans ses chansons et ses shows, créant un style unique repris par certains autres futurs rappeurs à la même époque.

    Le terme se répand petit à petit dans les block parties new-yorkaises, se propageant même jusqu’à Harlem. Par l’intermédiaire de son cousin, Wonder Mike, membre du Sugarhill Gang, entend le mot hip-hop et s’en serait inspiré pour écrire le morceau Rapper’s Delight. Le titre commence par “I said a hip, hop, the hippie, the hippie To the hip hip hop - you don't stop the rock.” Ça y est : la chanson devient un tube et hip-hop entre définitivement dans le vocabulaire populaire. Tout ça grâce à l’armée américaine. Wonder Mike n'est pas l'inventeur du terme hip-hop, mais sûrement celui qui l'a fait résonner sur la terre entière. En 1982, deux ans après Rapper's Delight, l'un des premiers articles à employer le terme de hip-hop est publié dans le magazine The Village Voice. Il a été écrit par le journaliste Steven Hager à propos d'Afrika Bambaataa, pionnier du secteur.

    Une autre théorie vient contredire l’histoire de Keith Cowboy et semble tout aussi probable. Le mot hip (signifiant “à la mode, branché”) se serait associé à hop (“saut, mouvement de danse”) pour former cette expression connue. Comme le terme de hip-hop est également associé à la culture du graffiti et du breakdanse (en France, il y avait une émission de télévision intitulée H.I.P. H.O.P. sur TF1 en 1984, par exemple), cette hypothèse semble logique. Plus globalement, on peut dire que plusieurs facteurs ont fait émerger cette culture hip-hop, que ce soit la musique, la danse, les graffitis ou encore le DJing.

    Étrangement, au sein de la musique, le terme de rap émerge quelque temps avant hip-hop, mais sans avoir le même sens. Par exemple, sur l’album “Black Moses” d’Isaac Hayes sorti en 1971, on retrouve trois morceaux intitulés Ike’s Rap. Ici, le sens du mot n’a rien à voir avec celui que l’on connaît aujourd’hui. Il signifie simplement “parler ou bavarder” dans un langage familier. C’est donc ce verbe qui s’est transformé en nom pour devenir le style musical assimilé au hip-hop.  

    À l’heure actuelle, hip-hop est deux fois moins utilisé que rap dans le langage courant. Tout comme le style en question, son vocabulaire se renouvelle constamment, il y a une volonté d’évoluer sans regarder en arrière. Il est donc logique que hip-hop - surtout utilisé par les MCs des 80’s et 90’s - soit en train de se faire remplacer progressivement, tout comme ceux qui l'emploient. À chaque génération son terme.