Lizzo peut-elle devenir l'icône pop des années 2020 ?

Citée partout aux États-Unis, annoncée en featuring du prochain single de Justin Timberlake, l’Américaine incarne en quelque sorte un nouveau modèle de pop-star : libérée des carcans musicaux et des canons de beauté dictés par l'industrie musicale.

Inclassable. Melissa Jefferson est ce que l'on pourrait appeler une enfant de la balle : petite, sa sœur aime le rock indé (Radiohead, Björk), son père les grands classiques (Queen, Elton John), tandis qu'elle, flûtiste de formation, multiplie dès 2012 les formations, tendance pop, R'n'B, rap ou soul. C'est toutefois en solo que l'Américaine se taille une réputation sur-mesure : d'abord grâce à ses concerts en première partie d'Har Mar Superstar ou Florence and the Machine, puis en studio avec Prince ou Missy Elliott.

« J’ai passé ma vie à admirer Missy Elliot, en grandissant, je me sentais représentée. Quand je la voyais, c’était moi, confie-t-elle à Beats 1. Elle avait la peau noire, elle n’avait pas le corps qu’avaient toutes les pop stars de l’époque, elle était bizarre et elle disait des trucs bizarres surtout… »

Belle bizarre. Des trucs étranges, Lizzo n’en dit pas vraiment dans ses morceaux. En revanche, nul doute qu’elle passe pour une drôle d’énergumène aux yeux des adeptes de la Manif pour tous (militante LGBT, elle a même fait une apparition dans la dixième saison de RuPaul's Drag Race), des canons de beauté dictés par les magazines de mode (à l'image de son émission YouTube, Big Grrrl Small World) et des styles bien définis. Hip-hop, R'n'B, soul, pop : tout ici est passé au mixeur, et c’est souvent parfaitement digeste. Un peu comme ce Juice, balancé en tant que premier single de son premier album, « Cuz I Love You ».

Un trop-plein ? Toutefois, plus les mois passent, plus on voit le piège dans lequel pourrait tomber Lizzo : celui de la démesure, du single grandiloquent et de la recherche absolue du tube pop. Son dernier titre, Truth Hurts (qui n’est donc pas un hommage à l’auteure d’Addictive), s’inscrit dans cette lignée des morceaux obsédés par le refrain fédérateur, taillé pour les stades. Normal quand on sait que Lizzo se rêve en « Aretha Franklin faisant du rap » et qu'on apprend qu'elle s'apprête à collaborer avec Justin Timberlake. Mais toujours regrettable quand cette quête de succès et de reconnaissance prend parfois le dessus sur des velléités plus intimes.