2020 M11 5
"Si une rock star vous raconte pas une anecdote des années 1970, c'est qu'elle n'a pas vraiment vécu les années 1970." La phrase est de Mick Jagger et aucune autre n'illustre mieux la débauche d'excès dans cette décennie sous le signe des drogues et de l'alcool. Ce qui, en fait, tombe bien puisque son acolyte Richards en connaissait justement un rayon niveau doubles doses - ex aequo avec Lemmy.
L'histoire qui suit date justement de 1978 et pour le coup, Keith Richards s'en souvient puisqu'elle est contée dans son best-seller, Life. Tout débute le 27 février 1977, après que l'Anglais a été chopé dans sa chambre du Harbour Castle Hilton à Toronto, où il réside avec sa compagne sulfureuse Anita Pallenberg. Trois jours plus tôt, celle-ci a été arrêtée par la police locale en possession d'héroïne et de cannabis. Le jour de son arrestation, Keith est retrouvé mort de fatigue dans sa piaule avec 22 grammes d'héroïne, de quoi risquer jusqu'à 7 ans de prison. Contrairement à l'Angleterre, où ce dernier a déjà réalisé pires outrages, le Canada ne plaisante pas avec les drogues dures.
Trente ans plus tard, Richards s'en rappelle encore (extrait de Life) : "[Les flics] ne pouvaient pas me réveiller. Selon la loi, il faut être conscient pour être arrêté. [...] Je me souviens que je me suis réveillé et qu'ils se sont mis à me gifler, deux agents de police me traînaient dans la pièce pour essayer de me faire sortir du coma." Il faut dire qu'avant cela, Keith n'avait pas dormi depuis cinq jours... Et ce n'était pas grâce au café.
Un an et demi après les faits, Keith est finalement convoqué au tribunal, devant un parterre de fans ayant fait le déplacement pour peser dans la balance au moment du verdict. Une décision plutôt maligne puisque rapidement, les médias présents sur place comprennent que Kieth ne verra pas la taule. À la place, le juge ordonne l'organisation d'un concert au profit de l'institut national des non-voyants, avec l'obligation que les Stones jouent pour eux dans les six mois suivant la condamnation. Ce sera chose faite le 22 avril 1979 et Keith Richards, bien qu'addict à toutes les substances, deviendra une sorte de modèle pour ses fans voyant en lui l'exemple de la rédemption : l'image d'un homme millionnaire capable d'arrêter la dope sur demande.
Peu d'images de ce concert subsistent, hormis un bootleg à découvrir ci-dessous. Nul ne sait si l'expression "blind date" vient de ce jour de février 1977 où Keith Richards fut coffré en pyjama.