Le hip-hop pleure le décès de Jalal Mansur, l'un de ses Last Poets

On le surnommait le « Grandfather Of Hip-Hop » et c’était amplement justifié : en solo ou avec ses Last Poets, Jalal Mansur a posé les bases d’un mouvement à une époque (les années 1960 et 1970) où on ne parlait encore que de "spoken word".
  • La lutte finale. 50 ans jour pour jour après sa formation, dans un parc d'East Harlem à New York, The Last Poets avait choisi d'effectuer son retour le 19 mai dernier, après vingt ans de silence mais avec un album bien décidé à « Comprendre ce qu'est le noir » (« Understand What Black Is », c'est le titre du disque en question). « Comprendre ce qu'est le noir ... C'est la source de tout ... Le noir est un héros, pas un méchant », rappaient-ils dans la chanson titre.

    Comme pour rappeler que, bien qu'affaiblis par l'âge, Abiodun Oyewole, Umar Bin Hassan et Jalal Mansur avaient encore dans le regard la flamme des militants certains d’avoir raison, persuadés que la vérité va éclater.

    Radicalisme noir. L’annonce de la disparition de Jalal Mansur, à 74 ans, pendant son sommeil, a donc surpris le monde du hip-hop, ce mouvement qu’il avait grandement contribué à façonner avec des brûlots comme Niggers Are Scared Of Revolution ou This Is Madness. Ce que proposait Last Poets, c’était du spoken word (ce qu'expérimentait également en France Alfred Panou sur Je suis un sauvage).

    Soit une façon de charpenter ses rimes comme un architecte appliqué, de choisir soigneusement ses mots et la façon de les agencer. Mais aussi, dans le cas des Last Poets, de faire corps avec le radicalisme noir de l'époque, et donc de faire de chaque morceau la bande-son des luttes entamées par le Black Panther Party ou autre organisation africaine-américaine.

    Influent. En solo, Jalal Mansur, sous le pseudonyme Lightnin' Rod, avait même enregistré en 1973 « Hustlers Convention », un album essentiel pour comprendre la vie d'un hustler et connaître les fondements du hip-hop. « Si vous aviez 14 ans et que vous tentiez de comprendre la rue, ce disque était une sorte de Bible verbale », ira jusqu'à affirmer Chuck D (Public Enemy) dans un documentaire consacré à ce disque.

    S’il s’était fait plutôt discret depuis les années 1990 (avec un caméo dans Poetic Justice avec 2Pac pour seul fait notable) ; s’il avait une piètre opinion du contenu des textes dans le hip-hop à l’heure actuelle, Jalal Mansur peut toutefois s’en aller l’esprit tranquille : de Kendrick Lamar à Childish Gambino, d’autres artistes sont aujourd’hui prêts à reprendre le flambeau du Black Power.

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