Dérèglement climatique : faut-il décaler les festivals d'été à... l'automne ?

Il faut désormais le prendre en compte. Alors qu’il n’en est qu’à ses débuts, selon le GIEC, le dérèglement climatique impacte déjà la tenue des festivals d’été. Et les exemples spectaculaires récents, des Eurockéennes à We Love Green, appellent à une réflexion de fond.
  • On espérait leur grand retour. Mais tout n’est pas si simple pour les festivals d’été. Entre une reprise économique difficile et un virus toujours présent, voilà qu’un nouveau facteur vient les mettre à mal : le climat. Toujours capricieux, celui-ci semble de plus en plus instable et dangereux, comme ont pu le constater les participants de We Love Green ou des Eurockéennes. Ces deux festivals majeurs du début d’été ont carrément été contraints d’annuler certaines de leurs soirées en raison d’orages énormes.

    Pour le premier, 40 000 personnes ont dû renoncer à voir Laylow, Phoenix ou Clara Luciani samedi 4 juin, après l’annulation des 19h de tous les concerts. Pour les Eurockéennes, l’orage s’est déclaré dès le jeudi 30 juin à 16h45, avec une violence entraînant la chute d’un poteau métallique, faisant 7 blessés dont un grave (en état stable). Les concerts n’ont pu reprendre que le samedi soir.

    Deux exemples frappants, qui cachent une forêt de festivals en détresse. Parmi les autres poids lourds, le Hellfest a littéralement eu très chaud, car en raison de la canicule, plusieurs départements non loin avaient interdit tous festivals. Le rendez-vous en enfer s’en est tiré avec des mesures d’urgence (brumisateurs, tuyaux d'arrosage, autorisation des gourdes personnelles) sans compter deux arches déversant de l’eau en continu. Au final, si on compte tout de même près de 2000 interventions des groupes de secours, ce chiffre reste proche de celui des éditions précédentes. Moins chanceux, le Freemusic (à Montendre, Charente) a été contraint d’annuler ce même weekend du 17 au 19 juin. Cruellement, l’arrêté préfectoral interdisant les représentations n’a été donné que le 16 juin.

    La liste peut se poursuivre longtemps. En parallèle de We Love Green, le Rush de Rouen a également dû annuler sa soirée du 4 juin. De même le 30 juin, le Printemps de Pérouges, dans l’Ain, a subi l’annulation en dernière minute de Kiss en raison des pluies, face à 10 000 spectateurs bien présents. Autant dire que ces festivals n’avaient vraiment pas besoin de ça.

    Plusieurs festivals ont également dû annuler en raison de faibles ventes de billets (dont, ironiquement, celui du collectif écologique Alternatiba à Lyon en juillet). Et même ceux qui réussissent à se maintenir doivent faire face à une pénurie de technicien (20 % d’entre eux ne sont pas revenus dans le secteur), un Covid toujours présent et un contexte socio-économique pesant. Le Main Square a ainsi dû remplacer les Pixies en dernière minute en raison du virus, tandis qu’Astropolis, à Brest, a dû rallonger les sets de I Hate Models et Laurent Garnier pour remplacer l’Allemande Ellen Alien, bloquée à Berlin par une grève des trains et avions.

    Bref, le retour est malheureusement chaotique. Et appelle à une remise en question plus profonde que les engagements écologiques déjà pris par de nombreux festivals. La question des assurances, par exemple, est un cas aussi épineux que crucial pour la survie des festivals. Or, l’organisme France Assureurs, interrogé par le media aquitain La Tribune, assure que « la canicule ne fait pas partie des évènements assurables en soi ». Celui-ci a pourtant publié une étude prévoyant une multiplication par deux des pertes financières dues au climat dans les 30 prochaines années. La fin d’une époque ?

    Crédit visuel Une : Flickr Simon Q.

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