2022 M10 31
Que dire de plus, 53 ans après la mort de Brian Jones, sur son décès ? Une seule chose : les circonstances autour de sa disparition le 3 juillet 1969 laissent la porte ouverte à la thèse du meurtre contre la version officielle des enquêteurs. Et ce sont des témoignages allant dans cette direction qui ont été recueillis dans le documentaire Rolling Stone: Life and Death of Brian Jones.
On rembobine rapidement. Dès le début, le documentaire insiste sur un point : Brian Jones est la première rockstar anglaise, et le patron des Stones. C’est d’ailleurs lui qui a fondé le groupe quand Mick et Keith viennent le voir jouer au Ealing Club en avril 1962. Le blondinet est fan de jazz et de blues. Même si Jagger et Richards sont dans un autre groupe à ce moment-là — ils forment Little Boy Blue & The Blues Boys avec Dick Taylor — les gars finissent par passer pas mal de temps ensemble et prennent le nom de The Rolling Stones. Si tout passe par lui (il sait jouer d’un tas d’instruments, il gère l’organisation des concerts, etc), au fil du temps, les gars ont besoin d’écrire des chansons à eux. Brian n’y arrive pas. Alors Mick et Keith prennent le relais. Jones est relégué au second plan.
À partir de la sortie de (I Can't Get No) Satisfaction, le premier tube écrit par la paire Jagger-Richards en 1965, la tendance s’inverse. Au même moment, Brian est dans une relation compliquée avec Anita Pallenberg — qui le quittera pour Keith plus tard, ses sauts d’humeurs rendent la vie du groupe délicate, Mick et Keith commencent à ne plus pouvoir le blairer et les médecins lui prescrivent des sédatifs (Mandrax) qu’il gobe en buvant beaucoup d’alcool. Résultat : il s’éloigne de plus en plus des Stones, ne se pointe pas aux sessions studio et commence à sérieusement mettre en péril l’avenir du groupe. Cerise sur le gâteau, il est pris dans des affaires judiciaires à propos de sa consommation de drogues. En 1968, il achète une énorme baraque avec piscine dans le Sussex, à Cotchford Farm. Et il engage un homme, Frank Thorogood, pour s’occuper de la rénovation.
50 years ago today, Brian Jones is found dead in the swimming pool at his home in Sussex, England, almost a month after leaving The Rolling Stones. The 27-year-old multi-instrumentalist, whose death sparked theories that he was murdered, gave the band its name in 1962. pic.twitter.com/pQKe9p8QUr
— Eric Alper 🎧 (@ThatEricAlper) July 3, 2019
Le 8 juin 1969, la sentence est prononcée : Brian Jones est viré des Stones. Le 2 juillet, une « fête » est organisée chez lui. Le même jour, il vire les ouvriers qui travaillent sur le chantier ainsi que Frank Thorogood — d’après le documentaire Frank profiterait de la naïveté de Brian et réaliserait de mauvais travaux. C’est à ce moment-là que tout bascule, et que les différentes versions voient le jour.
Pour certains, Frank et Brian en seraient venus au main le soir du 2 juillet. Une dispute qui se serait terminée dans la piscine où Thorogood aurait donc mis la tête de Jones sous l’eau à plusieurs reprises avant de s’en aller. Selon d’autres témoignages, comme celui du mari de l’ancienne gouvernante de maison (Mary Hallett), Brian aurait été noyé dans une gouille avant d’être jeté dans la piscine. Pour les enquêteurs, il est mort noyé sous l'emprise de drogues et d'alcool. Une thèse à laquelle croient les Stones. Keith dira plus tard : « C'était un bon nageur mais il était aussi asthmatique et bourré de barbituriques, entre autres sales trucs qu'il avalait par poignées ». Fin de l’histoire ? Pas vraiment.
Sam Cutler with The Rolling Stones , 1969 pic.twitter.com/FMvAoalK4C
— Stones n Whiskey (@bluesnstones) August 3, 2021
En 2009, un journaliste, journaliste Scott Jones, met sur pied un dossier de 600 pages sur Brian Jones. Il ne croit pas à la thèse de la noyade et veut prouver qu’il s’agit d’un meurtre. Pour lui, l’affaire a été étouffée par l’establishment britannique pour faire du décès de Jones un exemple contre les drogues. Mais la police britannique, qui rouvre l’enquête, n’a pas considéré que ces nouveaux éléments pouvaient changer la version officielle. En 2014, un ancien roadie des Stones, Sam Cutler, accuse Tom Keylock du meurtre. Le problème ? Tom est décédé. Tout comme Frank Thorogood, en 1993, et la plupart des personnes liées au décès de Brian Jones. Il est donc peut-être temps de se faire à l’idée qu’il est trop tard pour réécrire l’histoire. A vous de vous faire une idée là dessus, en regardant le documentaire.
Rolling Stone: Life and Death of Brian Jones est disponble sur Netflix via myCANAL.