Il y a 50 ans, Brian Jones des Stones mourait à 27 ans

Le musicien est retrouvé mort chez lui le 3 juillet 1969. Depuis ce jour-là, il a rejoint le célèbre et triste « club des 27 ».

Repéré sur scène. On le surnomme « le premier Rolling Stone ». Et pour cause : ce groupe, c’est son idée. En avril 1962, lorsque Mick Jagger et Keith Richard se rendent au fameux Ealing Club pour y écouter des blancs faire du jazz, ils aperçoivent sur scène un petit blondinet qui reprend à la perfection Dust My Blues du guitariste Elmore James et Dust My Broom de Robert Johnson. Keith est notamment impressionné par son jeu de guitare slide (il est l’un des premiers à en jouer en Angleterre). Sur scène, il se fait appeler Elmo Lewis. Mais en réalité, ce petit gars de la classe moyenne londonienne se nomme Brian Jones, il a 22 ans et il est un fan absolu de blues. 

Muddy Waters. Le moment de cette rencontre tombe à pic : Brian cherche à monter un groupe. Mais Mick et Keith sont déjà pris. Ils forment avec Dick Taylor Little Boy Blue & The Blues Boys. Jagger intègre aussi la formation d’un certain Alexis Korner : le Blues Incorporated. Malgré tout, Jones passe une annonce dans le journal et recrute Ian « Stu » Steward. Peu de temps après, Mick, Keith et Dick rejoignent la formation de Brian. Le mois d’après, ce groupe adopte le nom de Rollin’ Stone, avec une fausse légende selon laquelle il s’agirait d’un nom trouvé en quelques secondes grâce à la pochette d’un disque de Muddy Waters. D’après d’autres sources, Brian avait ce nom en tête depuis un petit moment.

En juillet, le groupe fait son premier concert au Marquee Club pour 20 livres et joue un peu moins d’une heure. Les Rolling Stones (avec un g) sont prêts à tout dévaster. Mais les débuts sont difficiles et les Beatles finissent par leur donner l’une de leurs compositions, I Wanna Be Your Man, pour qu’ils lancent leur carrière.

Inflluence majeure. L’atout de Brian Jones est qu’il peut jouer de plusieurs instruments. Il maîtrise le slide (I’m A King Bee, Little Red Rooster et plus tard No Expectations), sait manier le sitar (Street Fighting Man, Paint It Black), le marimba (Under My Thumb, Out Of Time), le mellotron (She’s A Rainbow) et bien sûr l’harmonica (Not Fade Away, Prodigal Son). Mais malgré son talent inné pour la musique, et le fait que Brian gère quasiment tout ce qui est lié au groupe, il y a deux petits problèmes : Jones n’est pas un bon songwriter (le groupe a pourtant besoin de chansons originales) et il n’a pas le potentiel « commercial » de Mick Jagger. Avec Keith, le chanteur se met à composer et ce duo s’entend à merveille. Le manager du groupe décide alors de mettre en avant Jagger comme leader, et de reclasser Brian au second plan. 

Where is Brian ? Jones s’éloigne petit à petit du groupe et se réfugie dans la drogue et l’alcool. Son comportement devient de plus en plus difficile à gérer, avec des sauts d’humeur et des demandes spéciales pendant les tournées (il ne voyage pas toujours avec le groupe par exemple), ce qui tend la relation entre lui et les autres membres. Des problèmes avec la justice l’empêchent aussi de se rendre aux États-Unis et de tourner avec le groupe. Brian devient de moins en moins fiable et finit fatalement par moins être présent sur les disques des Stones, notamment ceux que l’on qualifie de chefs-d’œuvre, « Beggars Banquet » (1968) et « Let It Bleed » (1969). Sa mort ne freine pas les Rolling Stones qui sortent dans la foulée « Sticky Fingers » (1971) et « Exile on Main St. » (1972).

Clap de fin. L’autopsie révèle un cocktail d’amphétamines et d’alcool, mais aussi que son foie était hypertrophié en raison de divers abus (alcool, drogues). Certains pensent qu’il a été tué par Frank Thorogood, le rénovateur de leur maison, qui aurait été aperçu en train d’essayer de noyer Brian dans la piscine, là où il a été retrouvé mort le 3 juillet 1969. Deux jours plus tard, le 5 juillet, les Rolling Stones lui rendent un dernier hommage à Hyde Park devant 500 000 personnes. Prévu à l’origine pour présenter le remplaçant de Jones Mick Taylor, le concert sera une façon, éloquente et cruelle, de lui dire adieu.