2018 M04 12
Ms. Dynamite. Au moins, on était prévenu. Annoncé via les impeccables Make Me Feel et Django Jane comme un album fortement influencé par Prince, « Dirty Computer » (à paraître le 27 avril) continue de se dévoiler et de célébrer cet héritage à travers un troisième single, tout aussi redevable au Kid de Minneapolis. Enregistré aux côtés de Grimes, Pynk confirme surtout le statut un peu à part de Janelle Monáe au sein de la pop music américaine.
Nwaar is the new black. Pour comprendre comment cette ArchAndroid (du nom de son premier album) a su conquérir l'industrie et parvenir à la tenir en haleine depuis 2013 et la sortie de « The Electric Lady », il faut tendre une oreille curieuse à son savoir-faire mélodique, à sa capacité à transcender l’ordinaire en moment particulier.
Chez Janelle Monáe, 32 ans, une simple chanson soul ou R'n'B prend illico des allures merveilleuses, ambitieuses, excentriques et ouvertement afrofuturistes. Tout, chez elle, transpire en effet l’amour de la Great Black Music : son premier album était inspiré par Stevie Wonder, le second était nommé en référence au « Electric Ladyland » de Jimi Hendrix et « Dirty Computer » s’accapare donc les codes développés pendant plusieurs décennies par l’auteur de Purple Rain.
Le funk, c’est chic. En clair, la native de Kansas City, découverte par Puff Daddy et chapeautée un temps par Big Boi d'Outkast, est consciente de son héritage mais refuse de transformer ses albums en d'immenses mausolées dédiés aux gloires passées. Dans son genre, c'est une visionnaire, capable de collaborer avec les artistes de son époque (Miguel, Solange, Esperanza Spalding) comme de transformer chacun de ses morceaux en une sorte de space opera, pop, baroque et terriblement funky – dans son catalogue, derrière les extravagances stylistiques, il y a même des tubes comme Q.U.E.E.N. ou Tightrope.
Le rôle de sa vie. On sent bien que tout est parfois un peu trop calculé chez elle (de son look aux concepts de ses différents albums, en passant par ses concerts, régulièrement interprétés aux côtés d’un big band de onze musiciens), mais on ne peut que saluer cette volonté d’insérer de la politique (la conscience noire, le féminisme, etc.) au sein des musiques populaires, et de situer son laboratoire de recherche à mi-chemin entre la piste de danse, la chambre à coucher et les paysages de science-fiction.