Il y a 10 ans, R.E.M. mettait un terme à sa carrière

Le 7 mars 2011, l'un des groupes de rock américain les plus respectés faisait ses adieux avec l'album "Collapse into Now". Et comme disait Michael Stipe dans la chanson éponyme, les fans perdaient définitivement leur religion.
  • "Collapse Into Now est notre meilleur album depuis Out of Time". Les propos sont de Mike Mills, le bassiste de R.E.M., et ils datent de 2011, à la sortie du quinzième et dernier album du groupe d'Athens. On a réécouté ledit album pour vérifier; c'est faux. Tout au plus, "Collapse into Now" était tout au plus un disque correct, sans vrai temps fort, mais sans honte non plus. 

    Sept mois, le trio (depuis le départ de Bill Berry en 1997) annonce sa séparation officielle. Et la seconde surprise, c'est que la nouvelle ne semble pas étonner grand monde. Le groupe étant pourtant là depuis 31 ans, avec les tubes qu'on connait, et il aura influencé un paquet de prétendants (Radiohead en tête, toujours pas dissolu du reste). 

    Dans la foulée de sa séparation, le groupe fait fumer le bois une dernière fois avec une compilation ("Part Lies, Part Heart, Part Truth, Part Garbage") couvrant les trois décennies de l'alt rock de R.E.M., mais on comprend vite que le coeur n'y est plus, et ce en dépit des quelques inédits présents sur ce qui ressemble à une pierre tombale.

    En vérité, depuis la sortie du chef d'oeuvre "Up" en 1998, enregistré sans véritable batteur, et plein de fulgurances prouvant qu'un groupe de rock pouvait à l'occasion se réinventer, la messe semblait dite. Au dessus de la cheminée, une poignée de singles historiques (Losing my religion, Hurt, It's the end of the world, Drive) qui auront paradoxalement tué le groupe; Stipe avouant publiquement que l'idée même de rejouer ces vieux tubes le révulsait au point, parfois, de sortir des albums radicalement opposés aux désirs du public (réécouter pour ça le formidable "New Adventures in Hi-Fi", certifié sans single). Le groupe influencera, de par sa ligne de conduite, Thom Yorke pour la confection de "Kid A". C'est pas rien. 

    Que retenir de tout ça, avec le recul, hormis l'impression de "peut mieux faire" du dernier album sorti en 2011 ? Que R.E.M. incarne à la fois l'image du groupe d'une autre époque mais résistant au temps qui passe (quel artiste de 2021 pourra prétendre être encore là en 2051 ?), et de l'autre le symbole de la retraite au bon moment; celle que la majorité des groupes - surtout dans le rock - peine à envisager. Demandez aux Stones, dont le dernier album correct remonte pourtant à 1994...

    A sa manière, R.E.M. envoyait avec l'annonce de sa séparation un message à la concurrence : "stoppez avant qu'il ne soit trop tard". Un message peu entendu dans l'industrie, alors même que l'idée de l'absence est ce qui permet d'entretenir le désir du grand retour. R.E.M., de ce point de vue, ne fait pas exception. Son leader tente depuis 2 ans, sur la pointe des pieds, un retour en solo avec une poignée de singles. Avec, pour l'instant, un succès bien plus modeste. De quoi conclure avec l'un des titres de Radiohead, justement : "how to disappear completely". Un tuto dur à suivre, même pour les plus courageaux. 

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