2023 M07 19
Flavien, est-ce que tu réfléchis au live quand tu composes de la musique ?
Non, ce sont deux choses différentes puisqu'un disque et un live, ce sont deux intentions différentes. D'ailleurs, faire des concerts, ce n'était pas un rêve. Quand c'est arrivé, je me suis dit que ça allait être une manière de retransformer mes morceaux et de les adapter en fonction du moment Quand je chante, il y a des endroits dans une chanson où je prends des virages, dans le texte mais aussi dans l'arrangement. J'essaie de réinventer le morceau en fonction du moment, de l'endroit ou de la vibe.
Comment tu l'abordes ce travail de réarrangement de tes morceaux pour le live ?
C'est un travail qui peut être très flippant. J'ai l'impression d'avoir trouvé, quand je fais des concerts, quelque chose qui m'appartient. Je me sens bien dans la zone musicale dans laquelle je suis. Et pourtant, ça tient à des choses que je ne maîtrise pas vraiment, à l'instant, à ma présence, etc. Du coup, quand je dois repenser le live au début d'une tournée, c'est stressant, dans le sens où j'ai toujours peur de faire les mauvais choix, les choix qui font que le live ne sera pas au niveau que je souhaite.
Dans le cadre des festivals, il y a une énergie plus énervée, c'est un public potentiellement plus jeune, qui fait la teuf, qui a déjà écouté plein de concerts durant la journée et qui ne vient pas pour moi la plupart du temps. Il faut prendre en considération ce fait-là, et ne pas être complaisant. Quand tu fais un concert dans une salle, le public vient pour toi alors que quand il ne te connaît pas, tu as tout à prouver.
Tu définis une setlist précise avant chaque début de tournée des festivals par exemple ?
La setlist change et je ne fais pas le même show tous les jours, en fonction de l'heure ou du public.
Donc tu as retravaillé toutes tes chansons depuis tes débuts ?
Oui quasiment toutes. J'ai une machine avec (presque) tous mes morceaux. En fait, j'ai fait fabriquer un contrôleur qui me permet d'envoyer ma musique avec quelques pistes et quelques effets. Avec cette machine, je peux avoir une liste de tous mes morceaux et de toutes mes instrus. Donc dans l'idée, j'ai toute ma musique qui est prête pour être jouée en live. Le fait de pouvoir à tout moment rebondir sur l'ambiance, prendre des virages, c'est vraiment kiffant. La route n'est pas tracée, et je peux sortir de la nationale à tout moment.
Après c'est quelque chose que j'ai toujours fait depuis mes premiers concerts. J'ai toujours chanté des paroles différentes, etc. J'ai même fait des lives avec des chansons qui n'existaient pas, en inventant des paroles en direct sur des instrus, et ça a fini par donner des morceaux comme La Fête Noire ou Océan Rouge.
Tu te sens plus à l'aise en concert qu'à tes débuts ?
Ma mentalité a switché lors des derniers Olympia. Avant, la seule potentialité que je voyais, c'était celle de décevoir les gens. Mais un truc s'est débloqué et je me suis mis à la place de quelqu'un qui était content de venir me voir. Et pour la première, j'ai pris du plaisir sur scène.
Tu as aussi appris à mieux gérer les tournées, dans le sens où elles peuvent être éprouvantes sur le plan physique et mental ?
Je ne veux pas me plaindre du métier que je fais. Si c'est éprouvant, je n'ai qu'à faire autre chose. Pour ma part, ce métier est génial : il y a plein de privilèges, il est au centre de l'attention, il est bien payé. J'ai la chance de pouvoir m'exprimer, faire de la musique et être en plus validé par les gens. Donc si le buffet n'est pas chaud, objectivement, ce n'est pas grave. Perso, je dors dans des hôtels, je ne fais pas trop la fête non plus pour éviter d'être trop déphasé quand je rentre chez moi. Après c'est un peu dur de prendre soin de soi en tournée car tu n'as pas trop le temps de faire du sport. Mais là, ici, je suis allé me baigner dans la mer, et c'était mortel.
Crédit photo : @Isabella Hin