2023 M01 6
C’est peut-être l’une des meilleures vidéos de l’année 2020, et pas sûr que tous les fans des Stooges l’ai vue ou appréciée : un clip publicitaire pour Gucci avec A$AP Rocky, Tyler the Creator et Iggy Pop, le tout sur un musique de Cerrone (Supernature). Une minute et trente secondes de délire bling réalisé par Harmony Korine, et où le Parrain du rock faisait le show, dans un contexte Covid-19, dans des tenues bariolées, avec un perroquet, sur les hauteurs de Los Angeles. Après ça, on pouvait clairement aller se recoucher en doutant que celui qui a débuté sa carrière voilà 60 ans (60 ans !) revienne au rock dur. Encore une fois, les parieurs se sont plantés. Et c’est ce que semble dire « Every Loser », l’album sorti ce 6 janvier.
Mais après tout, comment un album produit par un garçon nommé Andrew Watt aurait-il pu ne pas être électrique ? Le Watt en question, même s’il a bossé par le passé avec Justin Bieber ou Miley Cyrus, souhaitait visiblement doper le Pop, 75 ans au compteur, afin de remonter le volume comme à l’époque de « Post Pop Depression » (avec Josh Homme en 2016) ou « Skull Ring » (avec les anciens Stooges, en 2003). Et c’est ce qu’on pouvait entendre en préliminaires sur les très énervés deux premiers singles, Frenzy et Strung Out Johnny.
Si Iggy Pop a déjà annoncé qu’il est désormais trop vieux pour se rejeter dans le public, personne ne doute qu’il reprendra déjà la route cette année pour transpirer torse nu. Et pour cela, fallait-il encore des nouvelles cartouches, plutôt qu’un énième I wanna be your dog. Ca se comprend. Le casting de « Every Loser » a donc été tapé dans la section rock, et c’est ainsi qu’on retrouve sur ce nouvel album des membres de Guns N’Roses, de Pearl Jam, de Red Hot Chili Peppers et des Foo Fighters.
Est-ce assez pour retrouver le frisson de « Fun House ». Spoiler : non. Ce qui n’enlève rien au charme de cet album finalement plus ancré dans les années 80 : Strung Out Johnny ressemble à un titre de The Cult, New Atlantis presque à du REM et Comments, l’un des petits tubes du tracklisting, à du New Order. Etonnant quand on sait qu’à cette époque, Iggy Pop a failli rejoindre AC/DC.
Si « Every Loser » s’avère stoogien, c’est donc plus dans l’intention que le résultat. On pense ici à Modern Day Rip Off, un exercice de style sympathique qui a au moins le mérite de montrer qu’il y encore un moteur sous le capot Pop, ou Neo Punk. Mais plutôt que de faire comme l’imbécile qui regarde le doigt quand on montre la lune, il faudra donc écouter « Every Loser » sans trop espérer retrouver la hargne de « Raw Power », dont on fête justement les 60 ans en 2023. Ce qui n’empêche pas d’affirmer qu’Iggy, à un âge désormais très avancé, reste par on ne sait quel miracle encore branché sur le courant alternatif.