2022 M11 7
Que sait-on vraiment du rapport du fondateur de SpaceX à la musique ? Malgré sa propension à commenter tous les sujets depuis des années sur son compte Twitter, pas grand-chose, finalement. Mais on peut déjà commencer par avoir une petite idée de ses goûts personnels.
En 2011, alors qu’il n’est pas encore la star omniprésente qu’il est aujourd’hui, il reçoit la mythique radio californienne KCRW dans les locaux de Tesla pour une interview sur… les morceaux qu’il préfère siffloter. Et malheureusement pour les personnes qui voient en lui un génie visionnaire dans tous les domaines, sa sélection est aussi classique que celle d’un septuagénaire américain moyen.
I love music. It makes my heart sing.
— Elon Musk (@elonmusk) March 14, 2021
Il cite d’abord le Fly Me To The Moon de Frank Sinatra, référence assez peu subtile à ses ambitions spatiales bien connues, et Always Look on the Bright Side of Life des Monty Python, parce qu’il est évidemment un grand optimiste.
Arrive ensuite America (Fuck Yeah) de la bande-originale de Team America, film réalisé par Trey Parker, créateur de South Park, dont Elon Musk est fan. Il cite également un indémodable des bars à karaoké, le Con Te Partiro d’Andrea Bocelli, avant de finir en précisant que le classique de Noël Santa Claus is Coming to Town est le morceau qu’il sifflote le plus, période des fêtes ou pas.
Mais il y a quelque chose d’assez terrifiant à l’imaginer aujourd’hui marmonner cet air enjoué pendant ses journées. Par ailleurs, la passion d’Elon Musk pour Weird Al Yankovic est bien connue de ses fans, puisqu’elle avait donné lieu à un échange assez surprenant entre les deux sur Twitter en 2018.
Pour clore ce chapitre, Elon Musk sifflote-t-il des chansons de Noël en travaillant ? Dans un mail publié dans la presse en 2021, il affirme en tout cas qu’il autorise ses employés à écouter de la musique au travail, en réponse à l’interrogation d’un salarié inquiet. Sympa.
My a capella cover of Amish Paradise is irresistible https://t.co/mBo6aJV42O
— Elon Musk (@elonmusk) May 10, 2018
Est-ce grâce à sa culture musicale qu’Elon Musk a fait chavirer le cœur de l’artiste canadienne Grimes (Claire Boucher) en 2018 ? Nul ne le sait. Ce que l’on sait en revanche, c’est quelles étaient ses chansons favorites de Grimes au moment de l’officialisation de leur relation en mai 2018, grâce à une réponse faite par Musk sur Twitter.
Comme les adeptes de la presse people le savent, leur relation est aujourd’hui terminée, mais cela n’empêche évidemment pas le milliardaire d’avoir des idées pour le moins étonnantes dans le domaine de la musique.
Flesh without Blood & Kill V Maim on Art Angels album https://t.co/MycGWvbYGk
— Elon Musk (@elonmusk) May 8, 2018
En 2019, Elon Musk a ainsi lancé son propre label, Emo G Records (sacré jeu de mot), en sortant sur SoundCloud RIP Harambe, un morceau produit par BloodPop où le rappeur Yung Jake rend hommage – si l’on peut dire – au gorille Harambe, devenu incompréhensiblement un mème sur le web après avoir été tué en 2016 lors d’un accident de zoo très médiatisé.
Dix minutes après avoir posté le lien du morceau, Elon Musk avait répondu à son propre tweet avec une blague typique de son humour si particulier : « Je suis déçu que mon label ait échoué. »
I’m disappointed that my record label failed
— Elon Musk (@elonmusk) March 30, 2019
Quelques mois plus tard, le monde entier a eu le privilège d’entendre Elon Musk prendre le micro lui-même pour la première fois, pour chanter sur un morceau d’EDM nommé Don't Doubt Ur Vibe, dont il signe les paroles évidemment inspirées : “Don’t doubt your vibe / because it’s true / don’t doubt your vibe / because it’s you”.
Sur la pochette du morceau, on aperçoit un Tesla Cybertruck survolant la planète Mars, une autre subtile allusion à SpaceX. Etonnamment, le morceau a été éreinté par la critique.
I wrote the lyrics & performed the vocals!!
— Elon Musk (@elonmusk) January 31, 2020
Pas de quoi décourager Elon Musk, de retour l’année suivante avec un morceau sur les NFT, qu’il déclare vouloir vendre comme NFT (logique) avant de se raviser deux jours plus tard (moins logique).
Actually, doesn’t feel quite right selling this. Will pass.
— Elon Musk (@elonmusk) March 16, 2021
Mais le milliardaire a également des idées pour l’industrie de la musique. En 2017, on raconte que Tesla envisageait de créer sa propre plateforme de streaming, pour l’utiliser dans ses voitures.
Un projet délirant – mais pas tant que ça sur l’échelle de Musk – car à l’époque déjà, le marché était saturé d’acteurs dominants. L’idée a d’ailleurs été abandonnée, et on trouve désormais des services de streaming bien connus à bord des Tesla.
Vibbbe pic.twitter.com/21WKNOnMXZ
— Elon Musk (@elonmusk) January 31, 2020
On sait aussi que pendant sa relation avec Grimes, Musk s’est intéressé à la question des maigres revenus que les artistes tirent des plateformes de streaming, en partageant un graphique plutôt déprimant sur la question.
Mais maintenant qu’il est aux commandes de Twitter, l’industrie musicale le prend déjà au mot, en faisant remarquer à juste titre qu’il s’agit de l’un des derniers réseaux sociaux à ne pas avoir signé d’accords avec des grandes sociétés de gestion des droits d’auteur pour rémunérer les artistes dont la musique est utilisée dans les tweets.
This chart shows how crazy low payout is to labels & the artists only a small fraction of these numbers pic.twitter.com/2us0rzTMqk
— Elon Musk (@elonmusk) May 9, 2018
Du côté des artistes, l’inquiétude est déjà de mise depuis que Musk a annoncé vouloir rendre le système de certification des comptes accessible à n’importe qui, moyennant un abonnement mensuel dont le prix n’est pas encore fixé (20 dollars ont été évoqués, puis 8).
Ce changement forcerait évidemment les artistes dont le compte est certifié à payer pour ne pas perdre leur sésame, pendant que pourront fleurir en parallèle des usurpateurs, puisqu’aucun système de vérification ne devrait permettre de les distinguer. Autant dire qu’entre Elon Musk et les artistes qui comptent chaque euro pour manger pendant une tournée, ce n’est pas forcément l’amour fou.
Mais le nouveau propriétaire de Twitter va peut-être révolutionner le lien entre les artistes et leurs fans, puisqu’en 2020, il a déclaré qu’avec les puces implantées dans le crâne sur lesquelles travaille sa startup Neuralink, il sera un jour possible de diffuser de la musique directement dans nos cerveaux.
Si l’on imagine un instant qu’une personne malveillante hacke votre puce et vous force à écouter en boucle la musique d’Elon Musk, cette perspective digne d’une dystopie sci-fi a de quoi faire froid dans le dos.
Yes
— Elon Musk (@elonmusk) July 19, 2020