En fait, l'un des membres des Fugees était un agent du FBI

Alors que le trio n'a plus sorti d'album depuis l'immense "The Score" en 1996, c'est encore une fois dans la section faits divers que les Fugees se font remarquer. Cette fois, il n'est pas question des fraudes fiscales de Lauryn Hill, mais d'une abracadabrantesque histoire où l'on retrouve, en vrac, l'autre membre Pras Michel, un milliardaire malaisien un peu mafieux, Barack Obama, Leonardo DiCaprio et le FBI. Une histoire digne d'un film.
  • C'est vraiment une drôle d'histoire, c'est celle des Fugees. Un groupe monté au sommet en seulement deux albums dont l'un ("The Score") s'est écoulé à 6 millions d'exemplaires et qui, à cause d'une brouille interne, explose en plein vol. Depuis plus de vingt ans, de rumeurs en bad buzz, l'espoir d'une reformation va et vient mais sans jamais se confirmer; au point que les nostalgiques de "The Miseducation of Lauryn Hill" ont fini par baisser les bras quant à l'idée d'un retour du trio américain. Et ce n'est pas l'actualité récente qui va leur donner tort. 

    Cette fois, il est question du membre a priori le moins médiatisé des trois, Pras Michel. A 50 ans, ce dernier risque une peine de prison de 22 ans, non pas pour avoir bidouillé sa feuille d'imposition comme Lauryn Hill, mais pour avoir supposément magouillé avec un Malaisien nommé Low Taek Jho, impliqué dans un possible détournement du fonds souverain local, à hauteur de 4,5 milliards de dollars. Le reproche fait à Pras Michel ? Avoir perçu environ 100 millions de dollars entre 2012 et 2017 de la part du businessman, et en avoir reversé une partie dans la campagne présidentielle d'Obama en 2012 en dissimulant la provenance des dollars (la loi de financement américaine interdit les dons venant de l'étranger).

    Et ça ne s'arrête pas là. Pras aurait également tenté de faire pression pour aider son ami Low Taek Jho à éviter un procès pendant le mandat de Donald Trump (pour le détournement des 4,5 milliards) et, en prime, aurait assuré une mission secrète en Chine afin de faire extrader un dissident. Ca fait beaucoup. Moralité : le musicien est actuellement sous le coup de 22 chefs d'accusation. 

     

    C'est là que l'histoire dérape encore un peu plus : convoqué à la barre, Leonardo DiCaprio, partenaire de fêtes de Pras et de Low Taek Jho, doit désormais expliquer comment le milliardaire au passé trouble a non seulement co-financé Le loup de Wall Street, mais aussi la fondation environnementale de l'acteur. Pas inquiété pénalement, DiCaprio se retrouve néanmoins dans de beaux draps, coincé avec Pras donc, qui plaide non-coupable. Et c'est ici que ce scénario digne d'un blockbuster hollywoodien trouve sa conclusion incroyable, puisque le 18 avril dernier, Pras, convoqué à son tour devant un tribunal américain, a révélé qu'il avait volontairement rencontré des agents du FBI à plusieurs reprises pour alerter les services de la volonté du gouvernement chinois de récupérer un dissident du régime. Conséquence de quoi, oui, un ancien membre des Fugees aurait donc été un agent actif du FBI, sorte d'agent double comme aux plus belles heures de la guerre froide. Insolite, non ? 

    Sans surprise, la réponse des fans ne s'est pas faite attendre sur Twitter; la palme du meilleur commentaire revenant au dénommé Franklin Saint-Slacktrick : "Je savais que Pras était un informateur du FBI quand je l'ai entendu chanter " beedee bee beedee bee beedee beebo " sur un morceau et il n'a pas été coffré par les flics". Du génie.

     

    Pras Michel, qui risque 22 ans de prison pour cette drôle de guerre d'influence entre les Etats-Unis et la Chine, a quant à lui décider de témoigner après avoir - dixit - "consulté ses avocats et l'univers". Difficile encore de savoir qui gagnera la bataille juridique, mais on sait déjà que ce n'est pas demain la veille qu'on pourra écouter un nouvel album des Fugees. Et l'histoire d'en rappeler une autre, celle du violoncelliste accusé de planquer les millions de Vladimir Poutine. Alors, ready or not pour un biopic ?

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