2020 M09 28
Disons que c'est le privilège de certains grands artistes : voir ses disques traverser les époques, générer un véritable mythe et être réédités plus de quatre décennies après leur sortie afin de renflouer les caisses du label, certes, mais surtout de jouir d'une seconde vie. Dans le cas de Nina Simone, dont on n'en finit pas de redécouvrir la puissance de sa discographie, étalée sur 35 ans, les rééditions de « I Put A Spell On You » et « Pastel Blues » sont avant tout l'occasion de comprendre la classe avec laquelle l'Américaine a traversé 1965, année de sortie de ses deux classiques, entre reprises de tubes francophones (Ne me quitte pas de Jacques Brel, L'amour c'est comme un jour de Charles Aznavour), standards indépassables et engagement politique.
Quelques mois plus tôt, Nina Simpne a publié un enregistrement public et y aborde pour la première fois les inégalités raciales aux États-Unis. Fidèle à ses idées, l'Américaine profite ainsi de l'année 1965 pour donner encore plus de poids à ses idées. En mars, elle participe à la Marche de Selma à Montgomery, devient une figure centrale du mouvement des droits civiques, souhaite que les Afro-Américains forment un État distinct, quitte à passer par les armes, et publie notamment Strange Fruit : un chef-d'œuvre qui aborde le lynchage des hommes noirs dans le Sud des États-Unis.
Cette année-là, un autre classique voit le jour, lui aussi écrit par d’autres mains que celles de Nina Simone : Sinnerman, également extrait de « Pastel Blues », mais nettement plus jazzy et sophistiqué dans ses arrangements. 45 ans après, le corps continue de frissonner à l’écoute de ces deux monuments de la Great Black Music.
Pour précommander les rééditions, c'est ici que ça se passe : « I Put A Spell On You » et « Pastel Blues ».