2022 M06 19
Il y a certaines odeurs, couleurs ou goûts qui nous rappellent instantanément des moments passés de notre vie. Du gâteau de mémé au feutre Velleda qui griffait les ardoises, notre mémoire a tout enregistré et à leur contact, les souvenirs ressurgissent. Bien sûr, cela marche aussi avec la musique. C’est donc sur elle qu’a parié la startup australienne Music Health. Avec Vera, sa toute nouvelle application, la petite équipe entend bien utiliser les chansons préférées des personnes souffrants de démence pour stimuler leur cerveau et ainsi retarder les pertes de mémoire.
Une démarche inspirée, puisque la « démence » — ce syndrome qui affecte la mémoire, le raisonnement, l’orientation, la compréhension, le langage et le jugement — est un problème mondial. Selon les chiffres de l’OMS, on estime dans l’ensemble de la population qu’entre 5 et 8 % des personnes âgées de 60 ans et plus, sont tôt ou tard atteintes de démence.
Tout a commencé avec la grand-mère de Nicc Johnson, l’un des fondateurs de Vera. Souffrant elle aussi de cette maladie, son petit-fils a décidé d’agir. Dès 2019, il s’est alors associé à Stephen Hunt, avec une idée bien précise en tête. Pour atténuer la perte de souvenirs et lutter contre le renfermement sur soi, ils utiliseraient la musique pour stimuler les capacités et la mémoire des séniors atteints de démence.
Les créateurs de Vera se sont inspirés d’une étude américaine de 2018. Le concept était assez simple : des chercheurs ont fait écouter à une trentaine de patients âgés de plus de 70 ans leurs chansons favorites pendant une vingtaine de minutes. D’après les résultats, tous étaient de meilleure humeur et interagissaient davantage avec leur entourage. Vera compte bien reproduire cette mécanique. Séduit par la démarche, Universal a mis l’ensemble de son catalogue à disposition de la startup australienne.
Concrètement, comment ça marche ? Dans un article de Variety, Stephen Hunt s’explique :
« Lorsqu’une personne arrive sur la plateforme, nous lui demandons où elle est née et quand, puis, où elle a grandi entre 15 et 35 ans. Si c’était à Pékin, la musique dans laquelle elle a baigné sera très différente de celle de quelqu’un d’autre qui vivait aux États-Unis. »
Après ces quelques réponses rapides, des algorithmes génèrent des morceaux adaptés. Ils sont ensuite répartis en trois types de playlists : « celles pour se détendre, celles pour gagner en dynamisme et celles pour se remémorer des souvenirs ».
Il est encore trop tôt pour dire si cette application apporte des changements significatifs dans le quotidien des personnes atteintes de démence. Mais si l’on en croit Michael Nash, directeur du service digital d’Universal, Vera peut accomplir de grandes choses. Avant de la voir un jour débarquer en France, la plateforme est disponible seulement au Royaume-Uni, aux États-Unis, au Canada, en Australie et en Nouvelle-Zélande.
Toutes les informations complémentaires sont à retrouver sur le site officiel de Vera.