Derrière Kavinsky, Juliette Armanet ou Katerine, il y a Victor Le Masne

Juliette Armanet, Kavinsky, Lavilliers et même les Jeux Olympiques : qu’il soit arrangeur ou compositeur, Victor Le Masne est partout. Et cette omniprésence n’empêche pas l’ancien membre de House de Racket de sortir son propre album solo, aux teintes jazz.
  • « Ce qui me tient le plus à cœur, c’est trouver la bonne note sur le bon accord. » Comme quoi une vision simple peut mener loin. Ancien champion de la néo French touch au sein du duo Housse de Racket jusqu'en 2015, Victor Le Masne œuvre désormais comme maillon essentiel de la pop hexagonale. Comme arrangeur ou co-compositeur, on l’a récemment vu aux côtés de Juliette Armanet, Bernard Lavilliers ou Philippe Katerine, mais aussi Woodkid, Kavinsky, Chilly Gonzales ou Gaspard Augé pour son escapade solo. Avec ce dernier, il produit également plusieurs remixes, tant pour Myd que Parcels. « Les différents projets viennent à moi, et j’en suis très heureux » explique-t-il. « Je suis plutôt du genre à accepter puis voir comment je vais faire avant de me dire que ce n’est pas pour moi. Ce qui compte, c’est de savoir ce que je peux amener, et c’est un processus très instinctif. »

    Parmi les projets étonnants qu’il a pu accepter, Le Masne a carrément réorchestré la Marseillaise en prévision des Jeux Olympiques de Paris en 2024. Autant de projets que le musicien empile comme les notes d’un accord. Fils de compositeur classique, il mêle un bagage de conservatoire le rendant efficace, et capable d’arranger pour orchestre, avec un savoir faire pop. « Si les gens viennent me chercher, c’est sans doute parce que j’ai ce côté clé en main, je suis efficace » avance-t-il. « Mais pas uniquement sur la technique, je cherche aussi ce que doit être l’émotion précise de chaque passage. »

    Et pour continuer d’enrichir son accord, il publie ce 17 juin son deuxième album solo, « May 20th ». Avec un résultat franchement jazz. Étonnant au vu de son parcours pop et french touch. Mais tout cela est au final parfaitement logique. « Quand tu aimes l’harmonie, les accords, il y a dans le jazz un vocabulaire d’accords nouveaux qui fait beaucoup de bien ». Mais c’est surtout le processus d’enregistrement qui a mené vers ce style. Le disque était en effet pensé comme un défi avec son ami et ingénieur du son Bastien Doremus : tout a été réalisé en une semaine chrono. « J’ai écrit tous les morceaux le lundi, on a tout enregistré le mardi en format live, avec un groupe de musiciens que je connais très bien, puis on a mixé et masterisé jusqu'à dimanche. »

    En résulte un disque d’un calme total, pensé comme une respiration : « entre mon premier fils qui allait naître [à qui il dédie le titre Waiting For Ezra] et le travail, c’était le tourbillon. Cette tranquillité du disque, c’était carrément vital. » Ce côté cadeau de naissance fait également écho à une création de son père, Xavier Le Masne, nommée « Victor ou Agathe » (« mon prénom si j’avais été une fille ») et parue quelques semaines avant sa naissance. Comme une tradition familiale.

    Après cette respiration solo, le voilà reparti comme travailleur de l’ombre. Un statut qui lui convient parfaitement « je n’ai pas de problème d’ego. Je sais que mon nom circule, même si c’est à une autre échelle. » Dernièrement, celui-ci a même atteint la sphère de la comédie musicale, puisque son prochain projet consiste en un reboot de « Starmania ». « Un énorme chantier, mais passionnant, parce que j’aime énormément la musique de Michel Berger. D’autant qu’il y a un travail de création, aussi : comment amener ‘’Starmania’’ en 2022 ? Il faut parfois ne rien faire, et à d’autres moments pousser certaines choses. »

    Encore une fois, tout est question d’harmonies. Cette recherche de l’accord juste, qui réunit tant Daft Punk que Gainsbourg, et même jusqu’à Ravel, autre passion de Le Masne. « Mais ultimement, tout ça vient du jazz et de ses dérivés, jusqu’à Chic et Stevie Wonder. Pourtant, dès que je joue face à des Américains, il me disent « it’s so french » ! ». Un beau paradoxe.

    Photo : Florent Vindimian

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