Du Bataclan à l'Ukraine, Davide Martello est devenu "pianiste de guerre"

Ce pianiste allemand, qui a pris l’habitude de se rendre sur des lieux touchés par des attentats ou des conflits, vient de poser son piano à Medyka, une ville-frontière avec l’Ukraine devenue depuis 2 semaines un camp pour les réfugiés de guerre.
  • Davide Martello n’est pas un pianiste comme les autres. Pas le genre à se produire dans une salle où des spectateurs confortablement assis l’applaudissent à la fin. Lui est un pianiste de rue professionnel. Plus précisément « pianiste de crise », comme écrit Libération en 2015 au moment de lui consacrer un portrait.

    Depuis 2013, Davide se rend dans les villes frappées par un attentat, dans les rues où les populations se révoltent, dans les camps de réfugiés qui fuient un pays en guerre. Il vient avec son piano, et joue symboliquement pour la paix dans le monde des compositions allant de Beethoven aux Beatles en passant par le célèbre Imagine de John Lennon. Turquie, France, Afghanistan… Cet Allemand de 40 ans a pris l’habitude d’aller au cœur des conflits, sûrement pour tenter au mieux de les réchauffer, et pour apporter avec son piano un message universel. Beaucoup de Français l'ont découvert au moment des attentats du 13 novembre 2015 quand Davide s'était rendu devant le Bataclan pour jouer.

    En 2022, le monde a encore changé. Cette fois, Davide Martello est arrivé début mars à Medyka, à la frontière entre la Pologne et l’Ukraine, accompagné de son chat et de son piano-remorque à roulettes (plus facile à transporter). Et depuis, il joue, que ce soit au milieu des bus et des convois humanitaires ou près des camps. Devant un supermarché aussi. Son terrain à lui, c’est la rue, peu importe où.

    Sobrement, Davide explique à CNN qu’il souhaite « accueillir les réfugiés ». Il est à des années lumières des grands discours pompeux et laisse la musique résonner à la place des mots. Certaines personnes pleurent quand il joue. D’autres lui apportent des petits cadeaux, lui font un câlin ou jouent à ses côtés. Quand on voit des vidéos de ses performances, même si l’effroi est le sentiment qui domine face à cette guerre, on se dit que c’est un beau métier, pianiste de rue. 

    Crédit photo : Facebook Klavierkunst - Davide Martello