2022 M03 10
La scène se passe à moins de 3000 kilomètres de Paris, à Kharkiv, deuxième plus grande ville d'Ukraine. Dans la cave d'un immeuble, une violoniste de 39 ans joue des récitals pour une audience inattendue, ses voisins, des femmes et des enfants majoritairement. A l'extérieur, les bombes russes tombent comme la pluie depuis deux semaines, et rien n'indique que les choses soient parties pour se calmer. Contrairement à plus de 2 millions de personnes, Vera Lytovchenko n'a pas fui son pays pour échapper à l'armée russe; son combat à elle, c'est une résistance sur place, par les instruments, elle qui avant le début de la guerre jouait pour l'orchestre de l'opéra de Kharkiv.
Lui vient alors l'idée d'organiser des petits concerts pour oublier l'obscurité de l'abri anti-bombes (il en existe des milliers en Ukraine, construits en prévision d'une guerre qui semblait hélas inéluctable). Sur sa page YouTube, Vera publie des instants musicaux allant de chansons traditionnelles à une reprise de l'Hallelujah de Leonard Cohen. Tout cela est à la fois beau et tragique et fait tristement penser à l'orchestre du Titanic, qui décida de jouer sa partition plutôt que de sauter du bateau en train de couler.
Vera Lytovchenko, elle, n'a pas perdu l'espoir. Surprise par l'écho médiatique autour de "ses concerts de cave", elle réfléchit désormais à organiser une levée de fonds pour tous les musiciens et professeurs de la ville, celles et ceux ayant perdu leurs instruments ou n'ayant pas la chance, comme elle, de toucher encore un salaire. La musique adoucit les moeurs dit-on; espérons qu'elle puisse aussi stopper cette guerre inutile (dur pléonasme) aux portes de l'Europe.
Pour aider Vera, ça se passe via sa chaine YouTube et sa page Facebook.