COP26 : ces albums précurseurs de l’écologie

Alors que démarrait ce dimanche à Glasgow la COP26, réunion de chefs d’états autour de l’écologie, il est important de noter que la question écologique n'est pas récente dans la sphère musicale. Les militants écolos sont là depuis les années 1960, avec assez d’impact pour influencer les artistes. La preuve avec ces six albums.
  • The Kinks - « The Kinks Are The Village Green Perservation Society »

    Malgré son titre, l’écologie n’est en fait pas le thème premier de cet album. Sorti en 1968, ce disque marque une rupture dans la carrière des Kinks, qui quittent définitivement leur image violente, pour se faire chroniqueurs acides d’une Angleterre en mutation. Ici, les paroles de Ray Davies parlent plutôt des traditions anglaises. Dans cet album-concept, son personnage veut préserver le parc (le village green) de son village, métaphore de l’envie de tout citadin de se mettre au vert et retrouver du calme. Ni passéiste ni hippie, ce disque plus complexe qu’il n’y paraît aborde malgré tout la préservation des espaces verts. Preuve de cette envie de nature : la même année, McCartney compose Mother’s Nature Son.

    Johnny – « Vie »

    Dans ce disque grandiloquent de 1970, Johnny cherche à se reconnecter à la jeunesse. Pour cela, il s’aide des paroliers Philippe Labro et surtout Jacques Lanzmann, qui vient d’adapter en français la comédie musicale hippie « Hair ». Le premier joue à fond la provoc' avec le titre final, assénant « Jésus-Christ est un hippie ». Il signe également Poème sur la 7ème, texte énigmatique, où un humain d’un futur ravagé s’interroge « Vous m’affirmez, qu’il y avait du sable ; Et de l’herbe, et des fleurs ; Et de l’eau, et des pierres ; Et des arbres, et des oiseaux ? Allons, ne vous moquez pas de moi ». Mais surtout, il embrasse totalement l’écologie avec le très noir La Pollution, signé Lanzmann : « Les lapins se meurent dans les champs pollués ; Les poissons crevés dans les mers polluées, hé ». Puissant pour certains, ridicule pour d’autres. Mais l’intention est là.

    Joni Mitchell - « Ladies Of The Canyon »

    Issue de la scène folk californienne, Joni Mitchell publie ici un album important dans sa carrière, résumé de plusieurs années de contre-culture. Avec Woodstock, elle ancre encore un peu plus la légende du festival, symbolique de la contre-cultre qui a secoué le pays. Mais elle ne s’engage pas à fond dans cette culture. Se démarquant de son côté mystique, elle aborde la question de l’écologie sous un angle plus concret. En particulier dans le standard Big Yellow Taxi : « Ils ont pavé le Paradis pour y mettre un parking », « fermier, repose ce DDT [insecticide dangereux pour l’écosystème] ». En creux, cet album illustre malgré tout à quel point l’écologie reste encore inextricable de la contre-culture, et donc du reste de ses idéaux.

    Nino Ferrer – « Métronomie »

    En 1972, Nino Ferrer veut vraiment montrer qui il est. Avec « Métronomie », il s’éloigne du format compilation de chansons qu’il faisait jusque-là, pour suivre la mode de l’album-concept. Il se met carrément au rock progressif, ouvrant son disque avec un instrumental de 9 minutes. Mais surtout, brisant son image de chanteur humoristique, il emploie un registre très grinçant pour aborder les soucis de notre société. Dans Cannabis, il évoque ainsi « La viande aux hormones ; La mer pleine de merde ; Le monde en plastique ». Malheureusement, c’est un bide, et il faut attendre Le Sud en 1975 pour que le public le prenne enfin au sérieux. Toute le monde retient néanmoins La maison près de la fontaine, chanson écologique douce-amère. « Les arbres ont disparu, mais ça sent l'hydrogène sulfuré ; L'essence ».

    Midnight Oil – « Diesel And Dust »

    Durant les années 80, la question de l’écologie reste largement secondaire. Mais pas pour les Australiens de Midnight Oil. Il faut dire que dès 1984, son leader Peter Garett s’engage dans un parti antinucléaire. Mais c’est bien avec son groupe que le message sera le mieux porté. En 1987 paraît « Diesel And Dust », porté par le tube Beds Are Burning. Celui-ci résume tout le propos du disque, entre écologie (« comment dormir quand nos lits brûlent ») et défense des aborigènes (« [cette terre] leur appartient, rendons la »). Une alliance d’écologie et d’antiracisme, avant l’heure. D’autres morceaux comme Arctic World ou Gunbarrel Highway (« on a brûlé tous les arbres pour rester en vie ») viennent enfoncer le clou. Fun fact : Garrett a même été ministre de l’Écologie entre 2007 et 2010.

    Assassin - « Le futur, que nous réserve-t-il ? »

    À l’échelle du rap français, Assassin a aussi été précurseur : dès 1992, le groupe s’interroge dans ce premier album qui contient le titre L’écologie : sauvons la planète. Certes, les paroles ressemblent parfois plus à un tract politique qu’à un produit artistique (« Et sans un radical changement dans les comportements ; Ni la prévention ni les conseils ne stopperont cette catastrophe naturelle »). Mais le message a le mérite d’être clair, trois ans avant l'arrivée de Tryo. L’écologie, elle, commence à occuper une place centrale dans le débat public, suite au premier rapport du GIEC en 1990. Depuis, on ne compte plus le nombre d’artistes qui ont abordé frontalement le sujet. Et ce n’est pas fini.