Comment Spotify a réussi à perdre 2 millions d'euros par jour en 2020 ?

Début février, les chiffres sont tombés : malgré des recettes record, Spotify enregistre un lourd déficit de 581 millions d’euros pour l’année 2020. Une perte qui s’explique par la stratégie à long terme du géant suédois, qui a investi plus d’un milliard d’euros en marketing. Trop ambitieux ?
  • Spotify confirme être le géant du streaming. Durant l’année écoulée, 31 millions de nouveaux utilisateurs ont opté pour un forfait payant, portant le total à 155 millions. Les recettes sont ainsi passées de 6,76 milliards d’euros en 2019 à 7,88 milliards en 2020. Des scores impressionnants, mais vite contrebalançés : les pertes cumulées de l’entreprise s’élèvent à 709 millions. Soit un déficit de 1,9 million d’euro par jour, ou 2,2 millions de dollars, comme le détaille le site américain MusicBusinessWorldwide.

    Mais être déficitaire a ses avantages, puisque cela leur ouvre une déduction fiscale de 128 millions. On comprend donc en partie ce choix d’investir à perte, mais cela fait tout de même 581 millions d’euros de déficit au final, trois fois plus qu’en 2019. La faute notamment à des coûts marketing en pleine explosion, au point de franchir la barre du milliard d’euros. Bref, les bénéfices de Spotify ont doublé depuis 2017, mais ses dépenses ont suivi la même évolution, dans une logique de croissance.

    Être déficitaire durant les premières années est le lot d’une grande partie des entreprises qui veulent se développer. Mais enregistrer un déficit record à sa quatorzième année d’existence, tout en étant leader de son domaine, pourrait agacer les investisseurs. Cependant, Daniel Ek, PDG de Spotify, voit les choses autrement. Pour lui, l’entreprise est encore en phase de croissance, et il envisage encore un déficit d’au moins 200 millions d’euros en 2021. Mais que pourrait-il vouloir de plus ?

    Pour rappel, la plateforme domine largement la concurrence : en 2019, Spotify cumulait 35 % des utilisateurs payants, suivi de très loin par Apple avec 19 %. En réalité, l’entreprise a deux objectifs. Le premier est son développement international : en 2020, le logiciel est devenu disponible dans 12 nouveaux pays, dont la Corée du Sud, pour un total de 93 territoires touchés. Le second, c’est le podcast, dont les écoutes sur la plateforme ont décollé en 2020. En deux ans, ce sont pas moins de 600 millions d’euros qui ont été investis pour acquérir quatre boîtes de production de podcasts. Nul doute que cela sera mis à profit avec la création d’émissions maison. Peut-être en saura-t-on plus le 22 février prochain, date à laquelle Spotify promet de révéler, en toute humilité, « le futur de l’audio ».

    En attendant, l'entreprise compte également augmenter ses tarifs. Après avoir laissé penser que l'offre famille pourrait passer de 14,99 € par mois à 20,99 €, Spotify a finalement opté pour un nouveau prix de 15,99 euros par mois. A voir si cela peut servir à aussi augmenter les revenus des artistes.