2021 M01 5
Des réjouissances, pour ceux qui bossent dans la musique en ce moment, autant dire qu’il y en a peu, voire pas du tout. Mais même si toute une industrie est mise à mal, une valeur reste sûre : le vinyle. Malgré une année compliquée, avec des magasins fermés, notamment les disquaires, le 33 tours continue de tourner sur les platines du monde entier. Enfin, surtout aux États-Unis et en Angleterre. Car en attendant les chiffres de l’année 2020 par le Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP) en France, ceux qui viennent d’outre-Manche et de l’Amérique donnent le tournis.
Déjà avant les fêtes de fin d’année, et pour la première fois depuis 34 ans, les recettes au premier semestre 2020 liées aux vinyles dépassaient celles du CD. Une tendance qui s’est confirmée avant Nöel puisque les ventes de microsillons ont battu tous les records : aux USA, 1,25 million de vinyles vendus entre 27 novembre et le 3 décembre, 1,44 million entre le 10 et le 17 décembre, puis 1,84 million une semaine avant Christmas, selon Nielsen/MRC Data. Parmi les leaders en terme de vente, on retrouve l'ancien Beatles Paul McCartney avec son nouvel album, écoulé à 32 000 exemplaires rien qu'en vinyle, soit la troisième meilleure vente depuis... 1991. Une tendance confirmée en France où l'Anglais s'est également très bien vendu au moment des fêtes, notamment chez l'un des disquaires piliers parisiens, Gibert Joseph.
Au Royaume-Uni, d’après la British Phonographic Industry (BPI), 4,8 millions de vinyles ont été vendus sur l’année 2020, soit 10% de plus qu’en 2019.
Malmené par l’arrivée du CD, du téléchargement illégal puis du streaming (qui représente désormais la principale source de revenu), le vinyle s’est refait une place de choix sur les étagères. Par exemple en France en 2019, le 33 tours était devenu en l’espace de cinq ans « un phénomène durable. Le vinyle représente désormais un cinquième du marché des ventes physiques de musique dans l’Hexagone », avançait Alexandre Lasch, ancien directeur général du Syndicat national de l’édition phonographique (SNEP), au journal Le Monde. En effet, sa part dans le chiffre d’affaires généré par les ventes physiques est passée de 3,6% en 2015 à 20,2% en 2019. Au total, il représente 7% des ventes. Près de la moitié des acheteurs ont moins de 30 ans et ce sont les nouveautés ainsi que quelques irrésistibles qui tournent le mieux : Angèle, Billie Eilish, Queen, les Beatles ou encore Michael Jackson.
Aux États-Unis, toujours selon Billboard, les disquaires indépendants ont réalisé leur « meilleure semaine » depuis 29 ans en décembre avec 733 000 unités vendues à travers le pays. En France, tous les chiffres de l’année 2020 ne sont pas encore connus. L’impact lié au Covid-19 et à la fermeture des disquaires sur le chiffre d’affaires total des ventes reste encore à être évalué. Si les géants de la vente en ligne et les grandes surfaces n’ont pas de souci à se faire, les magasins indépendants, de plus en plus nombreux, n’ont pas été épargnés. Même s'ils ont été soutenus par l’État, et pour certains par des clients qui ne voulaient plus acheter chez Amazon ou à la Fnac. « Le truc des Fnac ouvertes au début du reconfinement, ça a beaucoup marqué les esprits. On n’a jamais eu autant de commandes par téléphone de gens qui nous disent d’entrée de jeu qu’ils ne veulent plus soutenir Amazon ou la Fnac. Après, on n’est pas à l’abri de l’effet de mode », explique Florian Schall de la Face Cachée à Metz, au journal Libération.
Quoi qu’il en soit, les ventes de vinyles à Noël ont été conséquentes et ont continué d’augmenter sur l’année 2020, du moins au Royaume-Uni et aux USA. À voir si la France va dans la même direction.