2022 M06 21
Crâne rasé, jeu précis et voix puissante : si elle n’occupe jamais le premier rôle, Gail Ann Dorsey ne passe pourtant jamais inaperçue. Pourtant, c’est seulement en 1995, à l’âge de 33 ans, que le grand public la découvre. Musicienne de session, elle vient de rejoindre David Bowie, qui entame alors une tournée commune avec Nine Inch Nails. Une image va immédiatement la faire rentrer dans les mémoires.
Dès le départ, Bowie pousse sa nouvelle recrue vers un baptême du feu. La sachant grande fan de Queen, il l’invite à interpréter avec lui son duo Under Pressure. Intimidée, Dorsey va pourtant bel et bien relever le défi. Le titre devient une pièce centrale de leurs concerts, et elle une complice incontournable du musicien sur tous les albums suivants.
Depuis, son agenda est toujours rempli. Lenny Kravitz, Olivia Newton-John, Seal, The National, tous se l’arrachent. Coup de chance pour nous, la musicienne est également une vraie francophile. On a ainsi pu la voir auprès de Khaled, puis son supergroupe 1,2,3 Soleils (avec Rachid Taha et Faudel), ou encore Christophe et même Raphaël (dans un disque produit par Tony Visconti). Tout récemment, la voilà qui intègre la prochaine tournée de -M-, après avoir participé au dernier album du chanteur, “Révalité”. Mais tout semble chaque fois la ramener à ces moments passés auprès de Bowie. Plus qu’une bascule, ils représentent le pilier de sa carrière.
En réalité, son destin s’était scellé bien avant 1995. Après avoir quitté ses études de cinéma et sa Philadelphie natale pour Londres, Gail Ann Dorsey sort son premier album solo en 1988. Malgré la présence d’Andy Gill de Gang Of Four et surtout d'Eric Clapton, il ne rencontre qu’un succès d’estime. Mais c’est bien lors d’un passage télé que Bowie la repère, attendant le moment propice pour la contacter. Entre temps, Dorsey publie un deuxième disque, joue avec des groupes cultes tels que The The ou Tears For Fears. C’est justement auprès du leader de ce dernier, Roland Orzabal, qu’elle commence la préparation d’un troisième disque. Et c’est depuis la maison du producteur qu’elle reçoit ce coup de fil qui change sa vie. Ce troisième disque ne paraîtra finalement qu’en 2003. Entre temps, Dorsey est devenue l’exemple parfait d’un profil d’artiste ambigu : un second couteau de luxe, mais qui sait trancher en rythme.