Le choc : la chanteuse de Fleetwood Mac, Christine McVie, est morte

Interprète, chanteuse et claviériste, l’artiste anglaise avait rejoint Fleetwood Mac en 1971 avant de quitter le groupe en 1998. Lassée par les tournées et la vie sur la route, elle était retournée vivre en Angleterre. Christine, à l’origine des chansons les plus poignantes du groupe, est décédée le 30 novembre à l'âge de 79 ans.
  • Ce n’est pas évident de suivre l’histoire de Fleetwood Mac. Car entre les débuts avec Mick Fleetwood et Peter Green, l’arrivée du couple américain Stevie Nicks et Lindsey Buckingham dans la partie, les changements de line-up incessants, les pauses, les breaks et les engueulades de couples, le road trip musical a été mouvementé. Dans ce bordel à moitié organisé, il y a eu un personnage discret mais important : Christine McVie, qui aura au moins incarné une forme de stabilité, et marqué au fer rouge la formation avec quelques compositions devenues cultes.

    Christine est née durant la guerre, en 1943. Le papa est prof de musique. Au milieu des années 60, elle traîne dans le monde du blues et côtoie des mecs comme Peter Green, un guitariste talentueux qui remplace Eric Clapton dans les Bluesbreakers de John Mayall. Au sein de cette formation, le bassiste s’appelle John McVie — qui deviendra le mari de Christine quelques années plus tard. L’Anglaise assure quant à elle les claviers dans un super groupe aujourd’hui oublié : Chicken Shack.

    En 1967, Peter Green, Jeremy Spencer et le batteur Mick Fleetwood forment Fleetwood Mac. John McVie rejoint vite l’aventure, tout comme Christine qui débarque officiellement en 1971. Elle n’arrive pas au meilleur moment : Peter Green est interné en hôpital psychiatrique tandis que Jeremy Spencer rejoint une secte (Les enfants de Dieu). Fleetwood Mac tient bon et sort un album par an : « Future Games » (1971), « Bare Trees » (1972), « Penguin » (1973) puis « Heroe’s Are Hard to Find » (1974). Sur ce dernier disque, le sublime titre Come a Little Closer est l’œuvre de Christine. 

    Fleetwood Mac va réellement devenir Fleetwood Mac avec l’arrivée du couple américain formé par Stevie Nicks et Lindsey Buckingham. C’est Mick qui a organisé une réunion dans un restaurant mexicain pour que tout le monde se rencontre. Stevie et Lindsey sont plus jeunes, plus beaux. Et avec eux, la formation va connaître ce qu’on appelle un énorme succès. D’abord en 1975 avec « Fleetwood Mac » (avec Say You Love Me et Over My Head de Christine) mais surtout avec « Rumours » en 1977 qui se vend à plusieurs millions d’exemplaires. Un album enregistré dans la douleur.

    Un an plus tôt, en 1976, Christine et John étaient en train de divorcer, Stevie et Lindsey vivaient une relation chaotique et Mick Fleetwood avait retrouvé sa femme au lit avec son meilleur pote. Autrement dit, c'est pas vraiment la joie. Les membres du groupe ne pouvaient pas se blairer et pour couronner le tout, il y avait beaucoup de cocaïne en studio. Mais les plus belles mélodies ont pris forme au même moment pour raconter les coulisses de leurs désillusions sentimentales. Dans le lot, Don’t Stop est signé Christine — une chanson qui sera aussi l’hymne de campagne de Bill Clinton en 1992 — tout comme Songbird ou encore You Make Living Fun, qui raconte une aventure qu’elle a eu avec un membre du staff. De ces années-là, Christine a avoué en interview que la coke et le champagne l’avaient aidé à mieux jouer sur scène. Les British sont toujours très chics.

    La suite continue d’être tumultueuse, entre les albums ratés, les carrières solos qui débutent, les egos, les conflits et les départs. Lindsey se tire en 1987. Stevie en 1990. En 1996, tout le monde se retrouve et Fleetwood Mac se reforme. Youpi. Mais Christine, qui a continué de fournir au groupe des titres sublimes comme Littles Lies, Hold Me, Think About Me ou encore Tango In the Night, tient le coup jusqu’en 1998, année où claque la porte pour de bon après presque 30 ans de bons et loyaux services. 

    L’Anglaise retourne à la maison et se tient éloignée de la vie publique. Une vie « normale » à la campagne où elle peut marcher dans la rue et faire ses courses sans se faire emmerder. Et ça lui convient : elle a peur de l’avion et en avait marre des longues tournées. Sa carrière solo, entamée en 1970 avec l’album « Christine Perfect », n’a pas marqué les esprits. En 2014, alors que Stevie Nicks ne pensait jamais la revoir, Christine rejoint le groupe pour quelques concerts — elle a réussi à dominer sa phobie de l’avion grâce à une thérapie. Les derniers moments avec un groupe qui lui a permis de vivre de sa passion, et de faire résonner ses maux aux oreilles de millions de personnes.

    Sur les réseaux sociaux, le message annonçant son décès indique qu’elle est partie paisiblement à l’hôpital en compagnie de sa famille. Dans une dernière interview accordée à Rolling Stones en juin 2022, elle était revenue sur la période 76. « J'ai apprécié la tempête... Même si je suis une personne plutôt pacifique, j'ai apprécié cette tempête. Et même si on dit que nous nous sommes beaucoup battus, nous avons en fait passé beaucoup de temps à rire. »

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