Avec "Rappeuses en liberté ", les femmes prennent le pouvoir au micro

Ce dispositif créé en 2021 a pour but de lancer les nouveaux talents féminins dans le rap en les accompagnant dans leur début de carrière. Fort de son succès critique et médiatique, "Rappeuses en liberté " revient pour une deuxième édition qui entend bien faire mieux que la première. L’appel à candidatures est d’ores et déjà ouvert.
  • Avec les années, même si l’on observe certaines évolutions, le constat reste le même. Le milieu du rap français est encore bien loin d’être paritaire. En 2019, cette réalité était racontée par #Rappeuses!, une web-série pilotée par RIFFX qui avait fait pas mal de bruit au moment de sa sortie. Ce programme était notamment arrivé jusqu’aux oreilles d’Aymeric Pichevin, fondateur de Rafe Productions, une société avant-gardiste qui s’est illustrée à travers des projets forts, telle la création d’awards internationaux dans l’e-sport ou des contenus vidéo originaux sur le rap.

    Puis en 2021, la team de Rafe — en partenariat structurant avec l’Université Paris 8 Saint-Denis — a décidé de mettre en place le dispositif Rappeuses en liberté. Son fonctionnement est simple. Tout débute par un appel à candidatures au terme duquel 10 artistes sont sélectionnées. Parmi elles, 3 sont choisies et peuvent bénéficier d’un accompagnement approfondi. Pendant cette longue période, ces rappeuses ont l’opportunité de travailler main dans la main avec un panel de professionnels du secteur. L’objectif final est que ces lauréates fassent leur trou et lancent leurs carrières.

    Dès la première édition, Rappeuses en liberté a été un gros succès. Déjà, en termes de candidatures : le dispositif a recensé plus de 300 participantes. Ensuite, par la composition du comité réuni pour le choix des finalistes. Il regroupait des acteurs importants du milieu, comme le hitmaker Zeg P, la réalisatrice et directrice Leïla Sy ou encore Pauline Raignault Ali Gabir, directrice artistique chez Red Bull. Au bout du compte, 10 artistes ont retenu leur attention.

    Pendant plus de 4 mois, ces finalistes ont participé à des ateliers de perfectionnement artistique, articulés autour de cours de chant, d’écriture ou de scène. Elles ont aussi rencontré des personnalités reconnues du circuit (Chilla, Vicky R, Aly Bass, Lord Esperanza…) et se sont invitées dans les colonnes de nombreux médias rap et généralistes. Toute cette aventure a fait l’objet d’un documentaire intimiste, puis du clip Taktik, capturé par la caméra de Leïla Sy, coréalisatrice avec Kery James du long métrage Banlieusards (2019). Une démarche similaire à la création de Ahoo, un titre réunissant plusieurs rappeuses, dont l’enregistrement est le sujet du documentaire Reines, pour l’amour du rap, de Guillaume Genton, diffusé sur CANAL+.

    Mais de 10 (dont Brö, Eline, Zorba, le duo Ebony’T, Alma Mangö, Ambrelise, Lylice…), il fallait arriver à 3. Ce choix a été révélé le 15 octobre dernier, en plein MaMa Festival, lors d’un concert à La Machine du Moulin Rouge. Après avoir vu ces prestations finales, le jury a tranché : Eesah Yasuke, Ossem et Soumeya ont été couronnées. Plus qu’une fin en soi, il ne s’agit que du début pour ces 3 artistes.

    Cette victoire symbolique a marqué le lancement d’une collaboration d’un an entre les gagnantes et de nombreux professionnels. Pendant toute cette période, ces Rappeuses en liberté ont bénéficié de tout un panel de services pour réussir : au niveau de la production et de la distribution, domaine d’expertise du label Believe et de la plateforme TuneCore, en termes de conditions d’enregistrement grâce aux RIFFX studios de la Seine Musicale... Sans oublier la marque Puma, qui s’est proposée d’habiller les rimeuses. Un coup de maître, qui met à la fois les artistes et le dispositif en avant.

    Depuis la fin de ce programme, les lauréates ont toutes « percé ». Eesah Yasuke a entamé une tournée en février 2022 qui la balade de ville en ville. Ossem s’est fait remarquer à l’écran que ça soit lors du « Rentre dans le cercle » aux côtés de Fianso et Youssoupha, ou dans la série Caïd, diffusée sur Netflix. Soumeya n’a pas encore sorti son premier album, mais les vues sur ses clips s’envolent déjà, comme sur La misère qui a dépassé le million.

    Puisque Rappeuses en liberté est une formule qui marche, les équipes ont décidé de remettre le couvert avec une deuxième édition. Si vous voulez intégrer le casting de cette nouvelle saison, rendez-vous sur le site officiel du programme. L’appel à candidatures est ouvert depuis peu et le restera jusqu’au 10 juin.

    Crédits photos : Damien Paillard & Mamadou Diawara

    Reines, pour l’amour du rap, de Guillaume Genton est disponible via myCANAL

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