Ne cherchez plus : ces 5 rappeuses sont les futures reines du rap français

On a beau le répéter avec une conviction de missionnaire : il existe bel et bien une flopée de rappeuses en France, dont personne ne parle ou presque. Sur CANAL+, le documentaire « Reines », diffusé ce lundi 25 octobre, se concentre sur cinq d'entre elles. Présentation.
  • Celle qui n'a pas de limite : Chilla

    #Balancetonporc, Si j'étais un homme, Sale chienne : en quelques titres, Chilla a prouvé qu'elle comptait bien dénoncer les privilèges sexistes, la misogynie et les violences faites aux femmes. Il serait toutefois réducteur de réduire sa musique à cet engagement, aussi important soit-il. Mareva Rana (son vrai nom) fait surtout partie de ces artistes qui n’ont Pas de limite, capables d’attirer quelques gros noms sur ses albums (Lino, Hatik et Jok’Air pour la musique, Leïla Sy pour les clips), de varier les flows (tantôt chantés, tantôt rappés) et de privilégier l’émotion à la démonstration technique, la liberté de ton aux formes bien figées.

    « Chaque son, j'l'écris comme un testament » : c'est dire la mélancolie contenue dans ses albums, dont le troisième devrait paraître dans les prochains mois.

    Celle qui veut être la « Trap mama » : Le Juiice

    Il y a quelques jours, la Parisienne faisait l'actu après avoir remis Fred Musa de Skyrock à sa place au sujet de la distinction à faire entre le rap et les musiques urbaines. Une forte tête ? C'est certain ! Une artiste sur qui il faudra compter ? C'est tout aussi évident à l'écoute de ses différents morceaux qui ne manquent ni d’audace mélodique, ni de rimes charismatiques. On est plus proche du son d'Atlanta que de celui développé autrefois par Passi et MC Solaar, qu'elle a beaucoup écouté via sa mère, ce qui ne l'empêche pas de s'essayer à d'autres types de productions. À l'image de l'enjoué O Nono, en duo avec Meryl, et de Jusqu'à la mort, dont le clip ne laisse aucun doute : depuis son propre studio d'enregistrement, la Jeune CEO du rap français est là pour braquer l'industrie.

    Celle qui sait que « rien ne vaut la vie » : Vicky R

    Dans le rap plus qu'ailleurs, on ne compte plus les artistes qui doivent leur premier coup de projecteur à une compilation. C'était le cas pour Casey avec « L432 » en 1997, ça l'est de nouveau avec Vicky R, dont la présence sur « La relève » en 2019 avait fait de cette rappeuse-beatmakeuse une next big thing. Un statut renforcé par Ice, dont l'efficacité du refrain chantonné ne doit pas faire oublier l'essentiel : chez Vicky R, dont le style a eu le temps de s'affirmer depuis les premiers morceaux publiés en 2012, les productions sont sombres, les textes pensent « à faire la maille » et les toplines suffisamment généreuses en idées séductrices pour susciter l’enthousiasme.

    Celle qui fait son entrée sans faire « toc-toc-toc » : Davinhor

    Avec ses rimes noircies par le vice, ses soutiens de poids (Niska, Booba, Naza) et ses poses sexy, héritées de Cardi B et Nicki Minaj, Davinhor, 23 ans, ne révolutionne rien, mais accueille dans une zone de confort même pas coupable. La preuve : c'est avec un évident plaisir que l'on plonge dans ses mélodies qui déploient un flow affirmé et un sens de la provoc' encore trop rare dans le rap francophone. Aujourd’hui signée chez Universal, celle qui a « toujours un plan B en cas d’échec » l’affirme volontiers : Pas de sentiments dans ses morceaux. Ici, tout est noir, frontal, comme pour rappeler que Davinhor est entrée dans le rap sans frapper, et qu'elle n'est visiblement pas prête d'en sortir.

    Celle qui n'est pas là pour chanter des berceuses : Zinee

    Tandis que les majors sont prêtes à lâcher ce qui leur reste d'économie en quête d’une nouvelle Diams, d’autres artistes se plaisent à inventer un dialogue entre les codes du rap actuel (trap, drill) et cette musique qui n’existe encore que dans la tête d’un scénariste de SF. On ne parle pas ici de Bianca Costa, la cinquième rappeuse au casting de Reines, ni d'Original Laeti, vedette de la deuxième saison de Validé, mais bien de Zinée, qui se fout des convenances, traîne avec des hommes de goût (Sheldon de la 75ème Session), privilégie les contrastes à l’évidence et « rentre dans l’truc comme never ». En freestyle, la Toulousaine ose même poser sur un sample de la BO du Grand Bleu, ce qui ne fait qu'accentuer sa singularité et les espoirs placés en elle.

    Reines de Guillaume Genton, diffusion lundi 25 octobre à 22h45 sur CANAL+. En replay sur myCANAL.