Toute la puissance du rap féminin sur une compilation gratuite

Disponible gratuitement, « Le Rap2Filles Souterraine » regroupe douze rappeuses francophones décomplexées, prêtes à donner de la voix et à mettre à mal un étrange concept : celui du « sexe faible ». Une première dans l’histoire.

Nébuleuse. La Souterraine, c’est ce label tête chercheuse dont les compilations mises en ligne en libre-service se sont imposées comme un fabuleux laboratoire de l’underground hexagonal. Depuis 2012, ces micro patrons de l'industrie ont ainsi forcé l’auditeur et l'auditrice à s’intéresser à une certaine idée de la musique en français, à des artistes bien souvent adeptes des pas de côté. Sans jamais se limiter à un style.

À l'image de « Rap2Filles Souterraine », « la première compilation de rap français 100% féminin de l'histoire de la musique ». Soit le résultat de six mois de recherches, réalisées en collaboration avec le collectif Rap2Filles et vouées à regrouper une dizaine de rappeuses encore inconnues du circuit rap.

Affirmation d'un style. L'intention est louable. Car, si l'histoire du rap français n'a jamais manqué de figures féminines fortes (Diam's et Keny Arkana ont connu un succès populaire, tandis que Casey, Princess Aniès, Sté Strausz ou Shay et Lala &Ce font vibrer le cœur des puristes), les rappeuses peinent encore à être prises au sérieux, voire à se tracer une voie jusqu'au grand public. Souvent, on cherche même à les réduire à un stéréotype : celui du garçon manqué. Un cliché que la compilation vient ici écraser en beauté avec ces rappeuses francophones impossibles à canaliser. Car trop éclectiques, trop singulières et trop déterminées à faire du rap leur « échappatoire », pour reprendre le titre du morceau de Savannah Sweet.

Mise à mal des clichés. De Cheffe de Yelsha à Polar de Pearly, qui se réapproprie un des gimmicks de Damso (« Eh, tu t'es cru où là ? Tu dis à ta schneck d’aller faire de la moula »), les rappeuses réunies ici explorent tous les styles (le boom-bap, la trap, les beats électroniques…). Avec, toujours, cette volonté de marquer les esprits. Voire d’élargir le spectre du hip-hop hexagonal, qui se libère ici de son influence masculine et de ses codes parfois machistes.

En clair, une génération de rappeuses s’affirme et compte bien rester hostile à toute forme de compromis. À l’image du discours scandé par Illustre dans le refrain de One Shot Session : « Ils pensaient que je n'avais pas le niveau, pas le style ni le flow / Je dépasse les idées reçues, les clichés sont bateau. »

À noter qu'un deuxième volume de cette compilation est en cours et qu'il est possible d'y postuler à cette adresse mail : ouf@souterraine.biz.