De l’underground, du raï et de l’amour : le premier album de Mohamed Lamouri

Après avoir enchanté les rues d’Alger et les métros parisiens, Mohamed Lamouri débarque avec un premier album, « Underground Raï Love ».

Vagabond. Au moment de boucler l’enregistrement de son premier album, « Underground Raï Love », on imagine que Mohamed Lamouri n’a pas pu s’empêcher d’avoir un petit rictus de satisfaction. Parce qu'il vient achever un travail de cinq longues années. Parce qu'il représente une sorte d'aboutissement pour celui qui a appris le synthé à 11 ans, qui a commencé à chanter a capella dans les rues en Algérie, près de la frontière marocaine, qui a été percussionniste dans une chorale à son arrivée en France et qui a longtemps squatté la ligne 2 du métro parisien, y jouant cinq jours par semaine, parfois jusqu’à six heures d’affilée. « C’est là que je me suis lancé, racontait-il aux Inrocks en fin d’année dernière. C’était un peu quitte ou double. Si j’amassais un peu d’argent, je pouvais m’acheter du matériel. »

L'inconnu du métro. Depuis, Mohamed Lamouri, 37 ans, s'est taillé une petite réputation dans le milieu indé. Sa voix éraillée et rauque séduit, ses mélodies mélancoliques, sorte de raï sentimental à la Cheb Hasni, aussi. Au point de signer sur Almost Musique, antre de la chanson artisanale et exigeante. C’est sur ce label que paraît aujourd’hui son premier véritable album après seize ans à jouer dans le métro : « Underground Raï Love », réalisé par Baron Retif, enregistré aux côtés du Groupe Mostla, la formation maison de La Souterraine, et récemment défendu au Printemps de Bourges.

Un gars du coin. Ces trois dernières années, Mohamed Lamouri est même devenu un habitué des circuits institutionnels - les plus chanceux l'ont vu performer à l'Institut du Monde Arabe, à la Fondation Louis-Vuitton, au festival Baleapop à Saint-Jean-de-Luz ou encore au festival Variations au Lieu Unique à Nantes. Le début de la reconnaissance, en quelque sorte.

Mais Mohamed Lamouri reste un musicien de proximité, un chanteur-compositeur du coin de la rue qui continue d’arpenter de temps à autres les lignes souterraines et les bars de la capital (le Zorba, notamment) dans l’idée de répandre son amour du raï, ses textes tour à tour romantiques et angoissés, et son amour des instruments synthétiques.