Aux USA, les avocats sont désormais aussi célèbres que les rappeurs qu'ils défendent

Bienvenue au pays de l'oncle Sam où des plaidoiries peuvent devenir virales et où Cardi B, Gunna et Gucci Mane prennent la pause façon shooting de mode aux côtés de ceux qui sont censés les représenter. Simple mise en scène outrancière ou réel intérêt juridique ? Explications.
  • Des avocats flirtant avec le monde de la célébrité, le hip-hop en connaît. Dans les années 1990, Johnnie Cochran Jr. se fait un nom en assurant la défense de deux icones du rap américain : 2Pac et Snoop Dogg. Aujourd’hui, il semble toutefois que la tendance s’accentue. Si bien que de nombreux avocats ayant pour clients les rappeurs sont aujourd'hui de véritables vedettes sur Internet.

    Pensons à l'avocat de Tory Lanez, Jose Baez suivi par près de 35 000 personnes sur Instagram, l'incitant à utiliser le réseau social pour teaser ses plaidoiries. Pensons à l'avocate de Lil Durk, Nicole Moorman, dont l'apparence est régulièrement commentée sur le web. Pensons enfin à Angela D’Williams qui, insatisfaite par la rémunération de l'État Géorgie dans l'affaire RICO YSL, pense à lancer un OnlyFans afin d'être mieux payée.

    En réalité, tout se passe aujourd'hui comme si les avocats cherchaient d'abord à solliciter l'opinion publique, ne serait-ce que pour influencer les jurés une fois au tribunal. Dès lors, plusieurs procès liés aux stars du rap deviennent profondément viraux. Comme lorsque que l'avocat Mauricio Padilla, représentant Dedrick Williams, l'un des trois hommes récemment condamnés pour le meurtre de XXXTentacion, a décidé d'articuler sa défense autour d'une rumeur Reddit selon laquelle Drake serait impliqué dans l'assassinat du rappeur de Floride. Comme lorsque l’avocat Justin Hill utilise des mots d'argot au cours du procès YSL.

    Avant de préciser son mode opératoire dans une interview à Complex : « Les gens qui connaissent ma personnalité, alors ils comprennent un peu mieux le contexte. » À croire que les avocats doivent désormais répondre aux mêmes contraintes que les artistes qu’ils défendent : produire du contenu, créer du storytelling, favoriser l’interaction avec le grand public. Quitte à faire quelques démentis : à l’image de Steve Sadow, l'avocat de Gunna, qui s'est fendu d'un mot d'excuse sur Instagram afin de dissiper les rumeurs de délation.

    Ces dernières années, tous ces avocats ne se sont donc plus contentés de représenter leurs clients au tribunal, s'affichant même fièrement aux côtés de ces derniers sur leur compte Instagram. Drew Findling, par exemple, également connu pour être l'avocat de Donald Trump, multiplie les accolades avec Wacka Flocka Flame, Yung Miami, DaBaby ou Migos, tandis que le rappeur Tsu Surf confesse lui aussi avoir développé un lien avec son avocat qui dépasse le cadre professionnel : « Mon avocat est présent à l'anniversaire de ma fille, il fait partie de la famille ».

    Quant à savoir si cette proximité joue en faveur des clients, c'est un autre débat. Pour l'heure, tous ces avocats semblent surtout profiter de leur soudaine renommée - peut-être rendue plus évidente encore grâce aux documentaires à succès diffusés sur les plateformes de streaming. Au point de réinventer la profession ? Pas sûr, mais cela entre sans doute en écho avec l'époque, où différents corps de métier (mécanicien, cuistot, agents immobilier, etc.) ont le droit à leur représentation médiatique dans l'idée de satisfaire notre soif d'entertainment. 

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