2022 M06 23
« TDJ123 », le dernier projet de TDJ
TDJ a beau clamer qu’elle voue une passion pour Tiësto, au point d’avoir nommé son chien en hommage au DJ néerlandais, il ne s’agit jamais chez elle d’imiter coûte que coûte les musiques qui l’ont inspiré, mais bien d’amener les sensations d'euphorie qu’elles ont pu provoquer jusqu’à notre époque. Exemple parfait avec « TDJ123 », sorte de compilation regroupant ses précédents EP's, accompagnés ici de quelques inédits, et où la Montréalaise, proche de Panteros666 et Casual Gabberz, multiplie les clins d'œil à Cascada, à la trance ou aux synthétiseurs expansifs (pour ne pas dire kitschs) de la fin des années 1990.
Traduction : c’est toute une époque qui ressurgit, sans jamais laisser la fibre nostalgique tout dominer. Écouter Addictive/Predictive ou Lalala (Want Somebody), c’est même se dire que l’on est ici face à une matière sonore à la fois familière et nouvelle, rongée par la mélancolie et pourtant terriblement extatique.
Les soirées Darude
En 2022, les soirées parisiennes n'ont définitivement plus rien à voir avec celles chantées par Louise Attaque. Tant mieux ? Sans être snob, on peut au moins dire qu'elles paraissent extrêmement libres et dénuées d'intentions commerciales lorsqu'elles sont envisagées par les activistes derrière La Station, La Créole ou La Darude. Depuis 2018, Karl Die (Die Klar) et Romaric Gouali (DJ Kwame) ont l'ambition d'enfin rendre leurs lettres de noblesse à des musiques longtemps moquées de ce côté-ci de la frontière. En égérie non officielle ? Loana. En ligne de mire ? Des clubs comme la Java, l'International, le Wanderlust ou le Trabendo.
Au menu ? Des croc tops aux couleurs vives, des Buffalo, des soirées mensuelles et des DJs qui acceptent de se mettre en retrait pour faire briller une flopée de tubes euphorisants, joués ici sans aucun second degré. Avec, toujours, cette communauté de « lofteurs » et « lofteuses » qui ne cesse de grandir, certainement persuadée que les moments partagés aux côtés du collectif La Darude ont quelque chose d'unique.
La hype autour d'Eloi
Que certains aient fait sa connaissance à l'écoute de son premier EP en 2020 (« Acedia ») ou, récemment, en première partie d'OKlou, un même sentiment se dégage : Eloi intrigue, perturbe, mais finit inévitablement par convaincre avec ce mélange enthousiasmant d'eurodance, d'hyperpop et de synthwave, condensé dans des morceaux voués à provoquer l'euphorie sur la piste de danse. En point d'orgue : Jtm de ouf, une reprise du tube de Wejdene qui prend ici les allures d'un hymne à même de provoquer l'extase jusqu'au petit matin.
Ascendant Vierge, Sam Quealy et les autres
À la manière de Sam Quealy (produit par Marlon Magnee de La Femme), de Maud Geffray (l'écoute de Don't Need est fortement conseillée) ou même de certains rappeurs (Zuukou Mayzie, Winnterzuko, etc.), Ascendant Vierge donne l’impression d’avoir grandi en se bousillant aux tubes de Paul Van Dyk ou Alice Deejay. Sur un certain nombre de ses morceaux, le duo français opte en tout cas pour la même utopie, les mêmes sons qui transpirent la consommation de substances illicites et la même volonté de rassembler que les grandes figures du genre. « L'eurodance est peut-être le dernier grand courant artistique transeuropéen », disait l'auteur Aurélien Bellanger. Soyons certains que les artistes évoqués ici, auxquels il convient d'ajouter quelques collègues internationaux (pensons à Sevdaliza ou A.G. Cook), ne s'en sont jamais vraiment remis.
Break My Soul, le dernier single de Beyoncé
On en a déjà parlé ici, mais c'est évidemment un évènement immanquable. Mieux : un symbole fort, au même titre que les productions house sur le dernier album de Drake. Le fait que Break My Soul, le dernier single de Queen B, emprunte ses codes à l'eurodance (avec quelques clins d'œil à la UK Garage également, notamment dans les cuts) n'a rien d'anodin : cela vient acter une fois pour toute le grand comeback de ce genre malaimé par les critiques et pourtant si populaire au croisement des années 1990/2000 - rappelons que Monica, dans Friends, dansait sur Do The Saturday Nights de The Stalkers. Quant à Break My Soul, ce n'est pas forcément un single d'une extrême finesse, mais il est évident que l’Américaine tient là un tube, capable de faire danser dans les campings comme dans les clubs branchés des métropoles.