Connaissez-vous Ascendant Vierge, le cyber duo entre Mylène Farmer et Rammstein ?

Plonger dans Ascendant Vierge, c’est un peu comme revenir en 2006, au moment où la tecktonik a débarqué dans nos vies. Après une phase d’étonnement, voire de dégoût, on se laisse petit à petit prendre au jeu. Finalement, Alive de Mondotek, ça s’écoute bien, non ? Pas vraiment. Mais l’effet de mode et la répétition finissent par pirater notre cerveau comme un virus. Les musiques créées par le duo Mathilde Fernandez et Paul Seul font un peu partie de cette même matrice 2.0 capable de s’infiltrer, comme un logiciel malveillant, au plus profond de votre âme. 

Mais c’est qui, au fait, ce duo de fou ? Mathilde est niçoise mais vit à Bruxelles. Elle est passée par les Beaux-Arts, débute par faire de la vidéo puis coche la case chant lyrique avant de devenir une diva cyberpunk qui utilise sa voix comme un instrument. Elle est aussi une bonne imitatrice, et peut donc chanter comme Armande Altai, Nina Hagen, Diamanda Galas ou encore Kate Bush sur demande.

Quant à Paul, il est producteur, cofondateur du collectif-label Casual Gabberz en 2017 avec lequel il sort des disques qu’on écoute pas seul à la maison au coin du feu avec mamie. Ils débutent ensemble sous l’alias Ascendant Vierge en 2019 — Mathilde avait fait appel au collectif Casual Gabberz pour le remix d’une de ses chansons, Oubliette, et Paul avait fait un excellent travail — et lâchent dès le début le titre Influenceur, histoire poser les fondations du groupe dès les dix premières secondes. Ça va aller vite, ça va kicker, ça va faire du bruit, ça va s’accélérer, puis aller encore plus vite, plus haut, plus loin. Vous avez l’impression d’écouter un mash-up techno de Rammstein et Mylène Farmer ? C’est exactement ça. Et c’est tout aussi aussi addictif que Balance ton Quoi. 

Après les premiers concerts, notamment à la Station à Paris lors du festival Qui Embrouille Qui, le premier EP « Vierge » sort en 2020 sur le label berlinois Live From Earth Klub en plein Covid, pile au moment où danser était passible d’une amende de 135 euros. L’explosion, l’équivalent d’une bombe qui torpille tous les codes musicaux, est violente. Mais la voix de Mathilde vient adoucir ce mélange kamoulox de sous genres musicaux connus par tous ceux qui une carte de fidélité à la Machine du Moulin Rouge (trance progressive, hard dance, hard tek, etc.). Les sept titres de ce premier EP sous le signe du réchauffement climatique, d’asphyxie par smartphone et de problèmes générationnels 3.0 résonnent dans les AirPods d’une jeunesse qui cherche des points de repère en 5G. 

Ça résonne même un peu partout en Europe et en Amérique. Et comme les festivals à l’été 2020 et 2021 sont pour la plupart annulés, le duo ronge son frein. Il y a quelques dates par-ci par-là quand les salles rouvrent, notamment un premier festival à Lyon (Nuits Sonores à l’été 2021) et plusieurs concerts complets à Paris. Des moments qui ont prouvé que leur musique n’était pas condamnée aux raves cheloues dans des bois de la Haute-Marne.

En attendant les dates printanières et estivales de cette année (Panoramas, Printemps de Bourges, We Love Green, les Eurockéennes, etc.), vous pouvez regarder les clips du duo, là aussi un choc — visuel cette fois-ci — qui décolle la rétine. 3D, effets visuels, espaces industrielles… le cyberpunk en 2022 peut-il revenir à la mode ? Réponse dans la fosse entre les pogos et les slams.

L'EP « Vierge » du groupe s'écoute juste ici.