2021 M11 29
La France et le disco, c’est une longue histoire d’amour. Dès les débuts du genre, on voit Sheila en devenir la reine, sous la supervision du légendaire Nile Rodgers de Chic. D’autres, comme Cerrone, poursuivent l’importation du genre, qui, très vite, contamine tout le champ de la variété. Le couple Michel Berger/France Gall, en particulier, a su tirer tous les bénéfices de ce mariage. Durant les années 90, années difficiles pour le disco, c’est la France qui lui offre une de ses plus belles résurrections avec la French Touch. Car celle-ci, au fond, est avant tout un mariage entre house (ou d’autres musiques électroniques) et disco. En particulier entre les mains de Daft Punk, qui, en 2013, collaboreront à leur tour avec Nile Rodgers.
Et c’est bien la French Touch qui est le point de départ de cette vague disco de la pop française. Cela passe notamment par le label Ed Banger, avec Cassius, puis Justice, Breakbot ou SebastiAn, ou, plus récemment, Myd. Mais ils ne sont pas seuls à transmettre cette passion : les années 2010 ont aussi vu émerger le rémois Yuksek, fondateur du label Partyfine.
Autant d’acteurs qui ont non seulement préfiguré ce nouveau retour disco, mais qui y participent directement. Auprès de Clara Luciani, on retrouve Breakbot ou Yuksek ; ce dernier a également travaillé avec Juliette Armanet, aux côté de SebastiAn. Qui lui-même est également le principal producteur du dernier album de Charlotte Gainsbourg. À cette liste, on pourrait également rajouter le groupe L’Impératrice, qui a été pionnier dans cette modernisation de l’alliage variété/disco. Bref, on est bien loin du « dernier jour du disco ».
De là, on pourrait imaginer d’autres musiciens s’y essayer. Faut-il attendre des surprises de la part d’Angèle ? Et pourquoi pas chez les rappeurs. Après tout, en 2020, Laylow posait sa voix sur une musique du vétéran Cerrone. Quant à Myd, on l’a déjà vu à l’œuvre pour SCH, même si sa tendance disco était alors moins affirmée.
Si la France semble avoir un amour particulier pour le disco, incarné par cette nouvelle générations d’artistes, le genre semble également revenir à l’échelle nationale. Outre le retour d’anciennes gloires, comme ABBA ou Diana Ross, de jeunes artistes s’emparent également de ces rythmes, comme Dua Lipa ou Doja Cat. Plus largement, on pourrait penser que le contexte y est favorable. En plus de la nostalgie, toujours puissante, il semble logique que dans une période peu portée sur la danse, en raison des gestes barrières et distanciations sociales, on voit également revenir son pendant festif. La nature a horreur du vide, le dancefloor aussi.