2020 M02 25
Dans les locaux de leur attaché de presse, les deux amis discutent tranquillement sur le canapé. Seezy parle des dernières guitares qu’il vient de s’acheter et du séjour aux États-Unis qu’il s’apprête à effectuer : « Dans l’idée de réaliser mon rêve », précise-t-il. 7 Jaws, lui, évoque sa mère, à qui il fait plusieurs fois référence dans le projet, et confesse ses lacunes à la guitare : « C’est à peine si je sais jouer l’intro de Redemption Song ou la mélodie du Parrain… » Ni une, ni deux, Seezy promet de lui apprendre. Enfin, quand ils auront le temps. Pour le moment, les deux sont déjà focalisés sur l’album de 7 Jaws, produit par différents beatmakers mais piloté par Seezy, décidément omniprésent ces derniers mois : Dinos, Niska, Roméo Elvis ou encore Vald, dont il a réalisé les deux derniers albums.
Impossible, dès lors, de ne pas lancer le jeu des comparaisons : « Avec 7 Jaws, ça fonctionnait pareil qu'avec V : il avait lui aussi besoin d’être encadré pour éviter d’aller dans tous les sens et savoir ce qui est bon ou mauvais. L’idée était de le pousser à aller toujours plus loin, à approfondir ses textes et travailler ses punchlines. » Sur sa lancée, Seezy se permet même une petite blague : « Au final, la seule différence avec Vald, c’est que l’un sait un peu chanter et l’autre très peu. »
« On les baise. » Sur « Rage », 7 Jaws et Seezy ont donc travaillé à la manière d'autres duos mythiques : Missy Elliott et Timbaland, Dr. Dre et Snoop Dogg, Skread et Orelsan. Eux citent Scott Storch et 50 Cent, Metro Boomin et 21 Savage ou encore, plus proche de nous, Le Motel et Roméo Elvis. Question de génération, sans doute. Dans tous les cas, précise 7 Jaws, « l’idée était de se mettre au même niveau et d’avancer ensemble. Il y a très peu de projets qui se font comme ça, donc c’était cool de s’essayer à autre chose. » Et Seezy d’ajouter : « 7 Jaws a la capacité d’écrire devant les gens et de plier un morceau en une heure, ce que beaucoup d’artistes ne peuvent pas faire. On a donc avancé au feeling, sans prise de tête, avec l’envie de proposer un projet avec une vraie direction artistique. Le fait de travailler constamment ensemble, ça me permettait de le brancher sur des instrus sur lesquelles il n’aurait pas osé rapper de prime abord. »
D'une même voix, le duo cite alors le titre Block. Celui où ils se mettent le plus en danger, celui qui aère le projet avec cet instru héritée de la 2-Step, celui qui a permis à l'ingé son Nk.F (Damso, Kobo, PNL, etc.) de lâcher son fameux leitmotiv : « OLB » pour « On les baise ! » Façon de dire que 7 Jaws et Seezy tiennent là quelque chose de spécial.
À la base, tout est parti d’un freestyle, donné en 2018 pour Konbini. Depuis, les deux jeunes hommes ne se quittent plus. Ils partagent le même attrait pour le metal, se sont trouvé une passion pour les toplines (« Je ne peux plus m’en passer désormais », plaisante 7 Jaws), ont la même culture geek et ont tous les deux cette envie de proposer des morceaux qui trahissent leur goût pour la spontanéité et les mélodies accrocheuses. 7 Jaws appuie le propos : « On a vraiment cherché à avoir des morceaux qui ont du sens sans être niais ou plombant. C’est là où Seezy est très fort, dans le sens où il identifie facilement ce qui manque à un projet, quelle couleur il faudrait ajouter ou quel univers il faudrait creuser. »
Avant de se quitter, au moment d’évoquer l’album à venir, « déjà bien avancé avec une quinzaine de toplines finalisées », les compères font même une promesse : « La musique, c’est un marathon. Là, on a à peine fait les premiers kilomètres, et on n’est clairement pas essoufflés. »