2018 M04 16
Kick avec ses Nike. Dinos fait partie d'une catégorie de rappeurs bien particulière : ceux dont le talent n'est plus à prouver, sur lesquels de grands espoirs sont fondés, mais qui mettent malgré tout du temps à confirmer. Alors, certes, celui que l'on appelait Dinos Punchlinovic, originaire de La Courneuve, a tout de même produit deux excellents EP avec « Alchimiste » et « Apparences ». Mais son album « Imany », prévu à l'origine pour 2015, tardait franchement à se pointer. La faute à un deal foireux de maison de disques, paraît-il. Résultat, le rappeur sortait en 2016 une mixtape intitulée « Toujours pas Imany mais presque ». Et puis, silence... Jusqu'à l'apparition sur le web de Flashé fin février, annonciateur d'un projet plus conséquent.
En équilibre. Aujourd'hui, ce single, planant, en plus de permettre de constater que le talent d'écriture est intact (« J'ai appelé le bonheur mais j'crois que c'est un faux number / On a peur de Dieu t'as peur de perdre tes followers »), frôle le millions de vues sur YouTube. L'autre morceau, Les Pleurs du mal, sorti le 30 mars dernier, offre un autre angle sur son œuvre : plus Dinos dans le style, plus axé sur le texte et parfois plus concerné - le discours sur l'immigration de Youssou N'Dour placé en conclusion de ce deuxième single n'a rien d'anodin.
Dans l'arène. Dinos a toujours joué sur la singularité (« Je suis pas un rappeur, je suis Dinos Punchlinovic », rappait-il sur Thumbs Up II en 2011). Biberonné aux Nèg'Marrons et à Seth Gueko, il vient d'un secteur dans lequel il faut vite apprendre à se démarquer : les battles, et notamment celles des Rap Contenders, où sa première participation en 2012 fait sensation et lui permet d'intégrer le milieu. D'où la réputation de kicker. D'où le blaze Punchlinovic. D'où l'aisance d'écriture que l'on retrouve sur les deux extraits d'« Imany », que l'on attend désormais impatiemment. Mais attention, plus les hors-d’œuvres mettent en appétit, plus le plat de résistance se doit d'être bon.