Qui sont les 10 rappeurs francophones qui vont compter en 2018 ?

Ils sont dix, ils sont plus ou moins jeunes, ils ont tous un projet à venir ou sorti récemment, et ils prouvent tous à quel point le rap francophone est éclaté ces dernières années, musicalement comme géographiquement.
  • Dinos

    Figure incontournable des Rap Contenders au début des années 2010, le MC parisien débarque enfin avec son premier disque (« Imany »). Le moins que l’on puisse dire c’est que l’attente valait le coup : plus minimalistes que par le passé, ses textes prennent ici une autre dimension et collent parfaitement aux différentes ambiances de l’album, tour à tour introspectif et nerveux. « Si ma pensée profonde avait un intitulé, ça serait : "Qu’ils aillent tous se faire enculer !" » Au moins, c’est dit.

    Maes

    Une brève écoute de Sur moi, moment fort de sa mixtape récemment sortie (« Réelle vie 2.0 »), suffit à s'en rendre compte : originaire de Sevran, Maes, 22 ans, a gagné en maturité depuis « Réelle vie », sorti en janvier 2017 alors qu’il était en prison, et parvient ici à alterner le rap mélancolique, presque susurré, et les textes hardcores, ancrés dans la rue. Dans un monde juste, on tiendrait probablement là l’un des meilleurs tubes en radio de ce début d’année.

    SlimKa

    Avec Makala et Di-meh, SlimKa est l’autre grand représentant du rap suisse actuellement. Sa force : une grande liberté de ton, un sens de l'autodérision (comme quoi, ce n'est pas propre aux rappeurs belges), des fulgurances « street » et des références qui amènent de la fraicheur à son rap. Si on le sent particulièrement marqué par l'arrivé d'Odd Future au début des années 2010, SlimKa dédie également un de ses morceaux à Wes Anderson et part dans tous les sens sur son dernier projet, "No Bad, vol.2" : piochant aussi bien dans le jazz et la bossa nova que le psychédélisme, le Suisse y triture le rap dans tous les sens et confirme qu'il a un rôle à jouer à l'avenir.

    Moha La Squale

    Il faut croire que le cerveau de Moha La Squale baigne dans une fantasmagorie de phrases et de mots. Après avoir enchainé les freestyles dominicaux ces derniers mois, le rappeur parisien maintient la cadence et s’apprête à publier son premier album. Forcément très attendu quand on sait que Moha La Squale, passé par le Cours Florent, est suivi par plus de 470 000 abonnés sur YouTube.

    13 Block

    À l’écoute des premiers singles, « Triple S » transpire la minutie et le sens du détail de rappeurs qui n’ont jamais cessé de chercher à repousser leurs limites tout en restant cohérents avec leur univers depuis leur apparition dans le circuit aux côtés de Kaaris en 2015. Ces derniers jours, Dosseh leur a offert une belle vitrine avec Papillon, mais les mecs du 13 Block savent évidemment susciter l’intérêt eux-mêmes : Vide, sorti en fin d’année dernière, est un tube parfait, idéal pour rider en roue arrière dans les cités ou pour séduire les fans de PNL.

    Nelick

    Nelick est du genre à tout tenter : du hip-hop sous influence diverses (trap, afro, baile, etc.) de Load, des compositions en duo avec le projet Palass, une mixtape, sortie ces dernières semaines, nommée « KiwiBunnyTape » et des références un peu candides (Pokémon, Candy'Up, etc.). Mais si Nelick est capable d'une telle liberté, c'est aussi parce qu'il a la capacité de donner vie à des morceaux à la hauteur de son audace. 10 décembre, simple et touchant, est de ceux-là. Ocean 2077, encore plus singulier, l'est également.

    Rémy

    Au premier abord, la construction musicale des différents morceaux de Rémy semble vulgairement simpliste : un beat, un 16-mesures et des textes qui ne parlent que de la vie en cité. Mais le rappeur d’Aubervilliers, signé chez Def Jam et chaperonné par Mac Tyer, a bien d’autres arguments à faire valoir : son flow, parfaitement maitrisé, et son goût du bon mot, perceptible de bout en bout sur son premier album (« C’est Rémy ») à paraître le 23 mars.

    Loud

    « Je voulais simplement devenir immortel, avant de mourir. » En un refrain, Loud a conquis le public français, lui qui vivote depuis 2010 auprès des groupes hip-hop les plus excitants de Montréal. Son premier album, « Une année record », est du même acabit : il y a des tubes (Nouveaux riches ou Il était moins une), des duos parfaitement cohérents (On My Life avec Lary Kidd, notamment) et tout un tas de références directes au hip-hop américain, celui de Mike Jones ou de Cardi B.

    Zola

    Des dreads blondes, un t-shirt Kurt Cobain fièrement affiché dans le clip de Mia Wallace, des clins d'œil à Pulp Fiction et des textes qui suintent la drogue... C'est sûr, Zola a son univers et fait de chacun de ses morceaux, autotunés, nonchalants et parfois drôles, un excellent moyen de découvrir les innovations stylistiques à l'œuvre dans le rap francophone actuellement.

    Isha

    Ces dernières années, Bruxelles est devenu le point de ralliement de toute une scène créative et hyper éclectique. Moins connu que Roméo Elvis ou Damso, Isha est pourtant un ancien au sein de cette nouvelle génération, au point d’avoir particulièrement marqué des kickers tels que Caballero. Le 23 mars, il débarque avec « La vie augmente vol.2 » et, disons-le tout net, c'est un condensé de tout ce qui fait un vrai album de rap : des rimes charismatiques, un flow parfois inattendu, des prods soignées et des textes aussi drôles et mélancoliques que fulgurants et intimistes.