2023 M02 8
Qu’ont les groupes britanniques que les Français n’ont pas ? Un passeport européen ? Non. Ils possèdent une certaine forme d’arrogance - ou de confiance en soi - qui dépasse toutes les limites. Et cet élément, nécessaire quand on décide de se lancer dans la musique, STONE en a à en revendre. Le groupe de Liverpool, qui a commencé à faire du bruit en 2020, s’est vite retrouvé propulsé sur le devant d’une scène britannique qui passe son temps à se réinventer en passant des coups de peinture sur les vieux murs du rock.
Disons-le tout net : non, STONE n’est pas « novateur » ou « expérimental ». Ces Anglais ont décidé d’aller droit au but et de mettre l’énergie et la fougue au centre de leur musique. Ça a marché instantanément : après quelques singles surexcités destinés à la Gen Z (Keep Running, Leave it Out, Fuse), STONE - qui s’appelait The Bohos auparavant - fait les premières parties de YungBlud et de Sam Fender.
Ce qui saute aux yeux avec STONE, c’est que le groupe ne s’excuse pas d’être là. Ils se pointent, branchent les guitares, se mettent en place puis envoient la sauce, sans donner l’impression d’avoir réellement calculé quoi que ce soit. La voix du chanteur Fin Power semble être faite pour les stades - l’accent « scouse » de Liverpool apporte une forme d’authenticité, comme celui de Liam Gallagher à la grande époque -, et les singles s’enchaînent rapidement, tous aussi bons les uns que les autres : Stupid et Waste étant sûrement les deux meilleurs. À ce moment, deux solutions : soit STONE a tout donné trop tôt et la suite sera malheureusement moins excitante. Ou alors ceci n’était qu’une introduction pour poser les bases d’une fondation bien plus grande.
La réponse se trouve dans « Punkadonk », un premier EP sorti en novembre 2022. Cinq titres où la britpop, la punk-pop, le rock FM et la vieille techno un peu débile se retrouvent autour de la table. Dit comme ça, ça peut être déconcertant. Quand on écoute « Punkadonk », tout devient plus clair. En fait, STONE, ce sont des enfants d’Oasis et de Echo & The Bunnymen - une autre formation de Liverpool, d’ailleurs - mais aussi de Green Day, de Limp Bizkit et de E-Type. Et ce beau mélange musical, certes étonnant, cartonne.
Les thèmes abordés sont ceux du quotidien : l’anxiété, les bitures, l’entrée dans l’âge adulte (Money (Hope Ain’t Gone)), perdre son téléphone et acheter un vieux Motorola au supermarché à la place (Moto), ou encore ce point d'accointances avec la manière dont fonctionne l’industrie musicale (Radio Ready). STONE parle de tout et de rien sans se cacher derrière une fausse attitude. Ils sont blasés et n’ont pas l’intention de le cacher. À l’instar de VLURE, un groupe de Glasgow qui pourrait lui aussi être booké dans une rave party à 3 heures du matin, STONE n’est pas le genre de groupe à qui on donne une étiquette. Et à qui on dit quoi faire, et surtout comment.
Leur nouveau single I Let Go, un hymne au lâché prise, est la preuve qu’ils tiennent le rythme, et qu'ils parviennent à garder leur style tout en grandissant. Les Liverpuldiens, qui feront les premières parties de The Kooks en 2023, sont sûrement en train de bâtir ce qui deviendra un premier album. Quand sortira-t-il ? On ne le sait pas encore. Sera-t-il à la hauteur de la hype ? On l’espère fortement.