20 ans après les Strokes, la relève rock de New York s'appelle Geese

Avec deux titres et une poignée de concerts, le groupe de Brooklyn affole déjà une industrie de la musique qui attend, depuis les Arctic Monkeys, un groupe rock fédérateur. Ce ne seront sûrement pas Geese, mais les Américains s’apprêtent à sortir un premier album « Projector » qui devrait faire beaucoup de bruit.
  • Geese, c’est une histoire de lycéens qui préfèrent fumer des roulées dans une cave remplie d’amplis, et qui devaient juste sortir un album ensemble avant d’aller à la fac, chacun de leur côté. Mais cette histoire a pris un tournant différent. Au lieu de mettre le fruit d’heures passées dans un home studio de Brooklyn sur Bandcamp, comme le font des milliers d’ados, Geese mettent juste en ligne une seule chanson baptisée Low Era.

    Cameron Winter (chant), Gus Green (guitare), Foster Hudson (guitare), Dom DiGesu (basse) et Max Bassin (batterie) reçoivent dans la foulée un email d’un mec qui voudrait devenir leur manager. En un rien de temps, le groupe se retrouve à la table des meilleurs labels du pays; tous voulant Geese dans son rooster. Enfin, Geese est principalement connecté à Zoom puisque les négocations se sont faites durant la crise de la Covid-19. L’album, déjà enregistré, parle de lui-même, et s’avère être la meilleure carte de visite possible pour titiller l’intérêt des maisons de disques. C’est finalement avec Partisan Records, la maison de Fontaines D.C., Cigarettes After Sex ou encore Idles, que Geese paragraphe un contrat. 

    Si cette histoire est un storytelling familier dans la musique, au tout début, Geese ne devaient pas être. Max Bassin et Cameron Winter ont le projet commun de construire un studio d’enregistrement. Les autres viennent se greffer au fil du temps, principalement parce qu’ils aiment bien la même musique - les classiques comme Led Zep, Pink Floyd ou encore Radiohead. Comme l’explique Stereogum, les membres de Geese sont plutôt des solitaires et n’ont pas écumé les salles underground de New York pour parfaire leur héritage musical. Ils ont plutôt passé du temps niché dans ce studio DIY, où des draps recouvraient les amplis et où des vieilles chaussures étaient utilisées pour tenir les micros.

    Sans surprise, les influences musicales s’étoffent un peu : Yes, Animal Collective, King Gizzard & The Lizard Wizard et plus récemment Squid ou Black Midi. Un mélange de rock à papa, de psyché et de post-punk qui a infusé dans la tête des cinq New-yorkais durant la création de leur « premier » album intitulé "Projector", mixé par Dan Carey (l’homme derrière Black Midi, Fontaines D.C. et le label Speedy Wunderground) et prévu pour atterrir dans les bacs le 29 octobre prochain. On écrit « premier » avec des guillemets car Geese avait déjà sorti un LP en 2017 puis un EP en 2019, supprimés depuis la signature sur Partisan. 

    Pour le grand public, la découverte de Geese s’est (peut-être) faite avec le morceau Disco, premier single issu de l’album. Une voix faite pour le rock, des guitares en place, des changements de tempo et déjà une forme de maturité pour cinq musiciens à peine majeurs. Le tube Low Era est mis en ligne à la fin du mois d’août, et vient renforcer l’idée que « Projector » sera l’album rock de cette fin d’année. Si un ou deux morceaux sur ce disque ont un léger goût des Strokes (notamment Fantasies / Survival), Geese est loin d’être une pâle copie de la bande à Julian Casablancas. Leur rock est plus incisif, plus viscéral et moins pop, donc moins taillé pour les stades. Les paroles, écrites par Cameron Winter, sont le reflet de cette période par laquelle on passe tous : la fin du lycée, la réalité de ce monde, le début de l’âge adulte. Les textes sont à la fois énervés et abstraits. « On aime l’idée de dérouter un peu l’auditeur, raconte Geese au moment de sortir Low Era. Ça veut dire être à la fois accrocheur mais aussi compliqué, rapide et lent et faire en sorte que chaque chanson soit une contre-réaction de la précédente. »

    Bref, Geese (les oies en VF) risque bien de vous donner quelques sueurs froides, de vous faire danser, de vous surprendre et de vous faire froncer les sourcils. Mais rappelez-vous que c’est mille fois plus intéressant qu’un album où tout semble prédit à l’avance.

    L’album de Geese « Projector » sortira le 29 octobre sur Partisan Records. La pochette est juste en-dessous.